Coup de projecteur sur 3 festivals de cinéma qui se déroulent en Nouvelle-Aquitaine. D’abord, on fait escale à Poitiers avec Filmer le Travail, du 17 au 26 février, puis, le Festival du Film Environnemental, du 13 au 17 mars, toujours à Poitiers. Enfin, on prend le large, à Bordeaux, avec le Festival international du Film Documentaire Maritime, du 23 au 26 mars. On vous dit tout ce qu’il faut savoir, ici.

⌛ Temps de lecture : 12 minutes

Festival Filmer le travail à Poitiers

Maïté Peltier, directrice artistique & déléguée générale, revient sur la vocation de ce festival de salubrité publique, inédit en France, qui s’évertue à croiser les regards comme questionner les formes du travail depuis sa création à Poitiers en 2009.

✏️ Henry Clemens

affiche-festival-filmer-le-travail-poitiers
Affiche de l’édition 2023 issue du film de Jean-Luc Godard :
Deux ou trois choses que je sais d’elle

Une thématique plurielle ?

Nous restons sur une programmation pluridisciplinaire qui opère des dialogues entre cinéma, recherche, littérature et création artistique. Un nouveau partenariat avec l’Institut des Afriques de Bordeaux nous permet de proposer l’exposition « African Workplaces ». Il nous semblait important de tisser ces liens avec d’autres structures régionales. La question du travail informel sera au cœur du festival. Nous souhaitions questionner la polysémie de cette notion dans la mesure où lorsqu’on parle de travail informel on pense aux pays du Sud, avec des formes de travail hors du cadre légal, de travail de subsistance, de travail au noir. Une réalité aussi dans les pays occidentaux. Nous interrogerons les conditions de travail, les formes d’exploitation, les formes de travail aux marges du salariat. Nous questionnerons aussi le travail gratuit et le travail domestique.

Une autre réalité plutôt interrogée par la philosophie reste le travail informel comme un travail vivant, à savoir tout ce qu’on va faire en dehors de la norme prescrite dans le cadre de notre travail, pour donner du sens à notre travail. On parle ici de valeurs émancipatrices, voire démocratiques du travail. L’idée est d’envisager toute la richesse de cette thématique et de ne pas rester sur un axe.

Une programmation polysémique ?

Avec Federico Rossin, historien du cinéma, nous avons travaillé sur une programmation de films très variée avec notamment le film de Jean-Luc Godard, qui illustre l’affiche de cette édition, Deux ou trois choses que je sais d’elle, une œuvre qui aborde la question du travail domestique et de la prostitution. Le travail dans le BTP fera l’objet, thématique oblige, d’un focus particulier avec Riff-Raff de Ken Loach et avec le laboratoire Migrinter, Université de Poitiers, nous aborderons cette question lors d’une conférence traitant des conditions de travail à Dubaï. Une soirée sur le travail domestique portera sur les conditions d’exploitation de jeunes travailleuses philippines avec la projection d’Overseas de Sung-A Yoon. Pour la première fois, enfin, nous présenterons un spectacle théâtral en partenariat avec le Méta : Étienne A. de Florian Pâque, un seul- en-scène qui raconte les conditions de travail chez Amazon. Nous voulions voir comment artistes, documentaristes et chercheurs s’emparaient de cette thématique.

Et la compétition internationale…

Elle se tient du 22 au 24 février et reste un point d’orgue du festival. Nous avons sélectionné 17 films parmi plus de 400 films reçus. Si la thématique du soin semble cette année traverser nombre de films sélectionnés, le travail informel y est aussi très présent. Je retiens en particulier le magnifique documentaire Todas por uma, réalisé par Jeanne Dosse, qui revient sur le processus de création de la pièce As comadres, au Brésil, sous la supervision d’Ariane Mnouchkine.

📅 Du vendredi 17 au dimanche 26 février à Poitiers

Festival du Film Environnemental, à Poitiers

Créée en 2008, cette manifestation d’un genre particulier se tient du 13 au 17 mars dans les bâtiments même de l’école nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers qui l’a vue naître. Son jeune président Pierre Maret revient sur l’événement grandissant et ses prérogatives.

✏️ Henry Clemens

Le FFE, qu’est-ce ?

Pendant une semaine, plusieurs types de manifestations, toutes en rapports avec la cause environnementale. La première journée est consacrée aux enfants des écoles primaires, autour d’ateliers de sensibilisation à l’écologie, le mardi on invite les Poitevines et les Poitevins à venir assister à la projection d’un long métrage au TAP Castille. Ce moment gratuit et ouvert à tout le monde lance le festival. Mercredi, nous mettons en place une fresque du climat, jeudi nous donnons rendez-vous à l’ensemble de la population à la Maison des Étudiants pour un plogging. Le concours du court métrage a lieu vendredi avec la diffusion d’une vingtaine de films dans les catégories fiction, documentaire, animation et amateur. Le public vote pour désigner le lauréat dans chacune des catégories.

À quel cahier des charges doivent répondre les participants ?

Pour être éligible, il faut parler de l’environnement, sous toutes ses formes ! Le festival n’a jamais dérogé à cette ligne de faire prendre conscience du développement durable, son axe central. Il faut ajouter que ce festival
est né et se tient depuis le début dans une école d’ingénieurs elle-même spécialisée dans l’étude de l’environnement. Nous sommes un petit festival qui ne veut pas se prendre au sérieux, loin également des inclinations au catastrophisme auquel on rattache bien souvent l’écologie. Ici, pas de leçon ! Initier peut prendre des formes très simples à l’image de ce film amateur qui montrait l’année dernière une famille dans son jardin. L’idée qui prévaut, c’est l’implication de chacun à tous les niveaux. Nous recevons plus de cent films, principalement issus de pays francophones, qui s’attachent parfois à être juste descriptifs et à montrer la beauté du monde…

Quid de cette 14e édition ?

J’aime bien rappeler que le FFE est parti de rien, de quelques jours à cinq jours. L’équipe est constituée d’une cinquantaine d’étudiants. Cette année nous sommes un peu sortis de notre cocon et avons tissé un partenariat avec ECU, un festival européen de films indépendants. Nous souhaitons avant tout relancer la dynamique du festival pour retrouver un élan post-covid et toucher un public encore plus large…

📅 Du lundi 13 au vendredi 17 mars, ENSIP-Université de Poitiers

Festival international du film documentaire maritime, à Bordeaux

Pour sa 5e édition, le festival international du film documentaire maritime investit, du 23 au 26 mars, le Musée Mer Marine, à Bordeaux. Avec un programme comme autant d’invitations au voyage et à la réflexion sur un univers méconnu.

✏️ Guillaume Fournier

Habiter le Seuil, FIDOM crédit Vincent Bruno

Envie de voguer ? Nul besoin de s’embarquer à bord du premier bateau venu pour partir vers d’exotiques contrées. Il suffit de se rendre du 23 au 26 mars, au Musée Mer Marine, à Bordeaux, pour assister au festival international du film documentaire maritime (FIDOM).

Organisée par l’Association Eau Investissement Environnement (AEIE), cette 5e édition met à l’affiche 18 films consacrés aux mers et aux océans. Le tout gratuitement. Un kaléidoscope du monde aquatique débutant avec Monaco, des princes et des océans, réalisé par Franck Florino : un documentaire mettant en lumière la lutte de la principauté monégasque pour la sauvegarde et la protection des grands espaces marins.

Autre temps fort, la diffusion en clôture du festival d’Habiter le seuil, invitation poétique à la redécouverte des fonds marins proposée par Marine Chesnais, Vincent Bruno et la compagnie de danse One Breath. « Le festival est une invitation au voyage, à la découverte. Dans un deuxième temps, c’est aussi un appel à s’instruire autour de l’environnement et de la nature aquatique », détaille Thierry Simon, délégué général du festival et président fondateur de l’AEIE.

À noter que 8 films sont également en lice pour remporter l’un des prix décernés par un jury de professionnels et par le public. Nouveauté 2023, un prix « jeune Nouvelle-Aquitaine » remis par des élèves des quatre lycées maritimes que compte la région.

📅 Du jeudi 23 au dimanche 26 mars au Musée Mer Marine, Bordeaux

🎬 Plus de cinéma en Nouvelle-Aquitaine