Comment réinventer notre rapport au temps et au monde ? C’est ce à quoi nous convie Antéfutur, l’une une des nouvelles expositions du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux en compagnie d’un panel d’artistes des quatre coins du globe.
Ils sont 25 et sont natifs d’une grande hétérogénéité de provenances géographiques : Koweït, Israël, Argentine, Égypte, Chine, France, Portugal, Congo, Autriche, Allemagne, États-Unis, Pologne, Sénégal, Royaume-Uni, Croatie, Mexique, Lituanie.
À deux exceptions près, tous ces artistes ont par ailleurs moins de 35 ans et appartiennent donc à la génération dite des Digital Natives. Leur particularité ? Avoir grandi avec l’émergence d’Internet et des outils numériques qu’ils manient avec aisance.
Un territoire commun au CAPC
Si elle est générationnelle, la nouvelle exposition orchestrée par Sandra Patron ne se résume pourtant pas à un déballage de pratiques « post-Internet ». Elle en emprunte même des voies obliques en associant des matériaux technologiques voire ultra-technologiques à des savoir-faire traditionnels (peinture, sculpture, photographie…) et même artisanaux.
En guise de territoire commun : un présent troublé. « Entre la crise des grands récits, un passé que l’on n’arrive plus à comprendre et un futur qu’on nous promet sans avenir, anxiogène, apocalyptique, on se retrouve un peu comme des animaux pris dans les phares d’une voiture », résume Sandra Patron.
“Un environnement en crise permanente”
Ce postulat de départ se synthétise dans le titre : « Antéfutur ». Le petit jeu qui y est induit (le préfixe anté signifiant « avant ») marque une antériorité temporelle pour indiquer le présent. Un présent que les artistes invités sillonnent dans une grande variété de techniques et par une mosaïque d’affects. « Ce qui m’intéressait aussi dans cette jeune génération, indique la directrice du CAPC, c’est cette absence de discours moralisateur, cette forme d’acceptation vis-à-vis d’un environnement en crise permanente avec un avenir très incertain. »

Nourries par les grands bouleversements en cours et à venir, les œuvres déploient différents scénarios traversés par un rapport détraqué au temps qui se vit aussi dans l’intimité et dans le corps. Ces dimensions parcourent en sourdine l’exposition.
Il y a le corps allongé et surmené chez Agnes Scherer, démembré chez Bérénice Olmedo, en chute libre chez Sebastián Díaz Morales, vaporeux chez Xie Lei, mutant chez Pakui Hardware, spectral chez Sandra Mujinga, libéré de ses carcans normatifs chez Lou Masduraud, encore vulnérable mais ayant trouvé un refuge précaire chez Joanna Piotrowska.
Anna Maisonneuve
Informations pratiques
« Antéfutur », jusqu’au dimanche 3 septembre,
CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux,
Bordeaux (33).