Jusqu’au samedi 26 août, la salle de Cenon se la joue « hors les murs » avec une affiche se déployant dans la Métropole bordelaise. Soit une série de concerts gratuits, Les Inédits de l’été, véritables escapades d’une heure et demie suivi d’un bord de scène avec les artistes.
Les habitués du Rocher de Palmer, la SMAC située à Cenon, en connaissent le fort tropisme jazz et musiques du monde. Pour les néophytes, préparez-vous pour une traversée musicale des pays du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest, du Mexique, de l’Argentine… En amont de chaque concert, profitez des siestes musicales (gratuites elles aussi, mais sur réservation) organisées à la Cabane du monde du Rocher de Palmer. Petite revue d’effectif de ce programme dense développé dans le cadre de l’Été Métropolitain.
• Driss El Maloumi Trio le 26 juillet pour les inédits de l’été
Entre cultures arabe, amazighe, occidentale et subsaharienne, ce virtuose du oud explore « l’extase musicale » dont il va chercher les inspirations dans les sons du quotidien. L’écoute attentive du monde, ses mystères et ses silences se font ressources pour le directeur du Conservatoire d’Agadir, qui associe à la musique une dimension philosophique stimulante.
Cette approche offre à ce diplômé de littérature arabe une chance supplémentaire d’atteindre « le tarab, ce sentiment de plénitude crée entre l’artiste et le public ». Musicien au jeu si délicat, il sait que son héritage gagne à sortir des traditions pour se frotter à de nouveaux langages. Pour ce rendez-vous poétique, il dialogue en beauté et en liberté avec le zarb de son frère Saïd El Maloumi et la darbouka de Lahoucine Baqir.
- La date à retenir : Driss El Maloumi Trio, mercredi 26 juillet, 20h, château Formont, Ambarès-et-Lagrave (33).
• Carolina Katún, mardi 1er août
Un son sans artifices enveloppe sa voix au grain voilé. Tendez l’oreille, la chanteuse invite à renouer avec les rythmes de la nature, moins frénétiques, plus organiques. Trop souvent comparée à la regrettée Lhasa, la Suissesse d’origine mexicaine partage a minima cette voix profonde qui donne à son interprétation au phrasé lent sa portée mélancolique.
À mi-chemin entre musiques traditionnelles latino-américaines, jazz et chanson, son répertoire se construit autour d’un univers poétique et puissant. Accompagnée de Pierre Perchaud (guitare), Laura Caronni (violoncelle) et Arthur Alard (percussions), Carolina Katún se met au service d’un répertoire explorant un univers à la fois poétique et poignant. Mais aussi engagé à travers des compositions puissantes et délicates. Atypique, nomade, tantôt lyrique ou minimaliste, Carolina Katún déploie ses mélodies sur des arrangements subtils et des textes profonds.
- La date à retenir : Carolina Katún, mardi 1er août, 20h, musée de la Vigne et du vin, Gradigan (33).
• Tablao de Tango, vendredi 4 août
C’est en Argentine, celle des bars sombres aux atmosphères fiévreuses, que nous convie ce trio intense voix-harmonica-guitare, respectivement El Chino Laborde, Franco Luciani et Rudi Flores. Le moment s’annonce intime. Une table, une bouteille de vino tinto et une guitare posée au centre du jeu. Une scénographie minimaliste pour ce tango cancion qui rend compte de la volonté des trois solistes d’être au plus près du public.
On en ressent doublement la palette des émotions qui traversent le cantante de tangos Walter “El Chino” Laborde. Une figure du renouveau du tango underground. Sa voix puissante et sa gestuelle expressive incarnent avec force et subtilité des textes qui racontent la vie, ses peines, ses douleurs. L’harmoniciste Franco Luciani et le guitariste Moscato Luna lui répondent par la magie d’une conversation où se mêlent leurs influences respectives (blues, folklore argentin, samba brésilienne, jazz…) et leur talent d’improvisateur.
- La date à retenir : Tablao de Tango, vendredi 4 août, 20h, parenthèse l’Escale, Saint-Louis-de-Montferrand (33).
• Momi Maïga en clôture des inédits de l’été le 26 août
La douceur de sa voix n’a d’égal que la maîtrise des cordes de sa kora, que le jeune gambien fait valser avec virtuosité de la Casamance à la Catalogne en passant par le Mexique. Chanteur et compositeur, Momi Maïga est un autodidacte qui a grandi en Casamance, au sud du Sénégal. Immergé depuis toujours dans la tradition musicale et orale des griots, il porte et partage à son tour le fruit de ses réflexions en mandingue, sa langue maternelle.
Son écoute et sa sensibilité surprenantes lui ouvrent un espace de création inédit qu’il explore avec curiosité. Avec lui, la tradition mandingue se pare de sonorités jazz, flamencas et même d’afrobeat. Au côté du percussionniste catalan Aleix Tobias Sabater, de Marçal Ayats au violoncelle et du violoniste mexicain Carlos Montfort, il instaure un dialogue dynamique et constant entre les cultures. Casamance, Mexique et Catalogne se mélangent dans une mer de sons et de rythmes transcontinentaux qui surprennent à chaque tournant.
- La date à retenir : Momi Maïga, samedi 26 août, 20h, Théâtre de verdure de la ludo-médiathèque, Bruges (33)
Marc A. Bertin
Informations pratiques
Les inédits de l’été,
jusqu’au 26 août,
Bordeaux Métropole (33)