Jean-Luc Verna, Joël Hubaut, Peter Baren, Dorota Kleszcz… Des figures internationales de la performance engagent leurs corps au fil de l’ambiguïté, thématique de la 3e édition du festival Paradoxal.
« Paradoxal est né il y a trois ans de l’envie de proposer d’autres formes artistiques, d’autres rapports au public, et, surtout, de faire découvrir aux spectateurs un art en soi, peu ou pas connu, et surtout peu visible », résume Otomo de Manuel. Artiste performeur lui-même, il est aux manettes de la programmation de cette jeune manifestation rochelaise, qui a été désiré par Axel Landy, tête pensante et active de L’Horizon [lieu de fabrique et de diffusion artistique à La Rochelle, NDLR], pour rassembler deux jours durant des artistes performers de tous horizons.
Ayant longtemps dirigé Souterrain/Corps-Limites, festival international de la performance vers Nancy (2001 à 2014), Otomo de Manuel n’a eu qu’à réactiver son ancien carnet d’adresses et y ajouter de jeunes artistes.
Musique, mode et arts visuels
Cette troisième édition garde le même cadre : six à huit performers par soirée, des propositions qui varient dans les formats, les lieux, les dispositifs et les durées. Un battement de trente minutes entre chaque performance, pour laisser le temps de digérer chaque univers et de prendre un verre.
Nouveauté 2025, le CCN Mille Plateaux entre dans la danse et accueillera la première soirée. Changement de thématique aussi : après des focus sur le paysage et la frontière, l’ambiguïté servira de point d’appui cette année aux propositions artistiques. « L’ambiguïté nous paraît caractériser la performance en tant qu’art : ni totalement théâtre, ni totalement rituel, elle s’oppose par essence aux grandes messes idéologiques, ou, si elle le fait, c’est pour provoquer du sens », estime Otomo de Manuel. L’ambiguïté comme trouble aussi, pas si facile à défendre dans un monde ultra-segmenté.
Parcours éclectiques
Douze performers de générations différentes et aux parcours éclectiques seront de la partie. Parmi eux, le prolifique Joël Hubaut, adepte des détournements du monde de l’art visuel, histoire d’y pulvériser l’esprit de sérieux, qu’on verra en solo et en duo avec son fils, Emmanuel, dans le projet Pest Modern ; le musicien jazz et expérimental Ranga Langa ; l’iconique Jean-Luc Verna, qui a fait de son corps et des métamorphoses un terrain artistique ; Peter Baren, grande figure de la perf néerlandaise ; Dorota Kleszcz, Polonaise installée à Paris qui interroge « l’interface entre soi et le monde » à coup de latex et vinyle, quand Yorga s’empare du scotch et le duo Poppy Champagne/Laurent Poleo déjouent les codes de la mode et du cabaret.
Une partie des artistes exerce dans le champ de la danse, de la vénérable Odile Azagury, venue en voisine depuis Poitiers, à Volmir Cordeiro, chorégraphe et performer franco-brésilien, qui incorpore des figures de la rue et de la marge, de Federica Dauri, danseuse et chorégraphe queer italienne, à Tchina Ndjidda, danseur sénégalais interrogeant un parcours d’exil. « Contrairement au théâtre, où on programme une pièce, ici, plutôt, on invite une personne. Libre à elle de présenter une performance déjà éprouvée, ou d’activer de nouvelles recherches ». Réponse mi-mai.
Stéphanie Pichon
Informations pratiques
Festival Paradoxal—Le corps en performance,
vendredi 16 mai, 18h,
Mille Plateaux, La Rochelle (17).
samedi 17 mai, 18h,
L’Horizon (17).