Après Entropie, le chorégraphe Léo Lérus livre Gounouj un quatuor batracien majestueux, imprégné des bruissements d’un site naturel guadeloupéen.
De Gounouj (qui signifie « grenouille » en créole), il existe deux versions. Une du dehors, dansée sur un magnifique site naturel protégé de la Guadeloupe, et une de la boîte noire, celle qui tourne en Métropole.
La première fonde totalement l’existence de la seconde, comme un écho à ce qui s’est joué là-bas, sous les arbres et au milieu des cris d’animaux. Au commencement, donc, il y a Gros Morne/Grande-Anse, lieu fait de mangrove, de marais, de végétation luxuriante, où la symphonie des grenouilles résonne au crépuscule.
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Léo Lérus vient à nous chargé d’un monde
Deux des quatre danseurs de Gounouj y ont travaillé pour créer leur gestuelle, trouver leur corporalité. Il suffit d’apercevoir les images vidéo de ce quartet immergé pour saisir la puissance de l’esprit des lieux, et comprendre à quel point cela infuse ce qui est donné à voir au plateau. Léo Lérus semble donc venir jusqu’à nous, chargé d’un monde, son monde, et d’un imaginaire qu’il plante par une bande-son de percussions et de samples, piquée de bruits de la forêt et d’échos aquatiques.
Pour les couleurs, un camaïeu de costumes marron et vert marécageux, de lumières jaunes rasantes. Quant à la danse, elle puise dans le monde animal et végétal des marches équilibristes, comme des tiges prises au vent, des mouvements sautillants et arythmiques de grenouilles pressées, des cambrures exagérées, des bassins roulants.
Etres en symbiose
Ce ne sont plus des danseurs mais des êtres en symbiose avec un environnement constamment changeant et menacé. Léo Lérus navigue avec aisance entre ses fondamentaux créoles, gwoka en tête, ses incartades hip-hop et ses expériences contemporaines forgées par des années au Conservatoire, à la prestigieuse Batsheva ou chez Wayne McGregor.
Précision du geste, maîtrise des circulations, organicité des corps : le chorégraphe met en branle dès sa deuxième pièce un monde de sensations aiguës et une écriture chorégraphique d’une grande clarté.
Stéphanie Pichon
Informations pratiques
Gounouj, chorégraphie de Léo Lérus — Cie Zimarèl,
mardi 13 mai, 19h30,
Scène nationale d’Aubusson, Aubusson (23).