En association avec la championne de surf Maud Le Car, le Musée Mer Marine, à Bordeaux(33), propose une exposition engagée en faveur de la protection des océans et de la biodiversité.
De quoi sont faites les larmes de sirènes ? Si la réponse aurait pu être poétique, la réalité dans les océans a de quoi faire frémir puisqu’il s’agit du nom donné aux milliers de minuscules granulés plastique qui se retrouvent sur les côtes, se confondant facilement avec le sable et témoignant d’une pollution massive de nos plages.
Pollution contre laquelle se bat sans relâche celle qui a fait de l’océan son terrain de jeu, Maud Le Car. La triple championne de France de surf, artiste et aussi activiste, a créé l’association Save La Mermaid [Sauver la sirène en français, NDLR]. Conjointement avec le MMM, elle a mené une action de sensibilisation le 12 avril dernier qui a débuté à Lacanau-Océan avec 113 kilos de déchets ramassés en une matinée, sur la plage des Écureuils. L’action s’est ensuite poursuivie au Musée Mer Marine avec notamment une performance dansée de Vanessa Feuillatte, première danseuse à l’Opéra de Bordeaux.
Loin d’une action sans lendemain, ce 12 avril a été le départ de l’exposition temporaire « Sauvons les sirènes » visible au moins jusqu’à l’automne au premier étage du musée. Un endroit où plusieurs démarches artistiques dialoguent et s’entremêlent pour un message commun : celui de la protection des océans. À l’intérieur, le film de la performance de la danseuse ainsi que Vue sur mer, œuvre inédite de Claire Pasquier créée en partie avec les détritus ramassés sur la plage.
Des œuvres aux airs marines
Inspirée par le soleil californien, l’artiste propose aussi d’autres toiles liées à la thématique aquatique avec un procédé pictural proche de la sérigraphie et un jeu sur les couleurs amenant une réelle vibration esthétique. Autre artiste immanquable : Flore Sigrist. La Franco-Suisse de 37 ans explore avec intensité les formes et les couleurs. Pour l’exposition, elle utilise un médium récurrent : la poupée Barbie. Un jouet iconique du capitalisme, déguisé en sirène, peinturluré et collé sur des toiles semblant représenter les fonds marins. Elle livre aussi de saisissants portraits de surfeurs professionnels dont Joan Duru ou Kauli Vaast réalisés à partir des portraits cellulaires tirés par Laurence Graffensttaden.
Jonglant entre les arts et les objets, la scénographie mise sur la multiplicité des propositions. Les fascinantes planches du biologiste allemand du XIXe siècle, Ernst Haeckel, côtoient les moulages de bustes de surfeuses, chacun peint par un artiste représentant un aspect de la vie de son modèle. Une action pilotée par l’association Keep a Breast, qui œuvre pour la prévention et le dépistage du cancer du sein.
Maud Le Car dévoile aussi ses talents artistiques avec de nombreuses œuvres, du croquis à la sculpture, explorant le thème de la sirène et de la pollution des eaux. Au rang des tritons, Jérôme Toulouse se fait une place dans l’exposition avec ses œuvres représentant l’univers marin réalisé à base de matériaux de chantier récupérés. De son côté, Ben Thouard dévoile en photos la beauté primaire des océans. Un univers à protéger pour sécher les larmes des sirènes.
Ismaël Boisard et Guillaume Fournier
Informations pratiques
« Sauvons les sirènes »,
Musée Mer Marine,
Bordeaux (33).