Conçue en partenariat entre le Frac Poitou-Charentes et l’Instituto Tomie Ohtake au Brésil, l’exposition collective « Eaux souterraines : récits en confluences » questionne notre rapport à l’eau.
EN EAUX TROUBLES
Sur les rives de l’art, les cultures se rencontrent, échangent et finissent par raconter, avec des esthétiques différentes, des problématiques communes. Nouvel exemple au site d’Angoulême du Fonds régional d’art contemporain (Frac) du Poitou-Charentes. Jusqu’au 28 septembre s’y tient « Eaux souterraines, récits en confluence », proposition collective regroupant les œuvres de 12 artistes brésiliens et français, conçue comme un voyage imaginaire entre la Charente et les rivières de la fiévreuse mégalopole São Paulo, telles que le Pinheiros ou le fleuve Tietê.
Trois cours d’eau qui, parmi d’autres, sont convoqués par l’artiste Shivay la Multiple avec ANCESTRALIDAGUA. Une installation monumentale créée pour l’occasion qui capte le regard du visiteur par ses couleurs, ses formes, et son tourbillon de détails en lien avec le monde aquatique.
Message commun
Sculpture, vidéos, installations… sur les murs du Frac s’exposent des œuvres pour la plupart monumentales sous différents médiums. Toutes dialoguent les unes avec les autres pour un message commun avertissant sur l’importance vitale de l’eau et l’impact négatif de l’activité humaine. Il en va ainsi d’Aparencia positiva/Esencia negativa (apparence positive/essence négative), installation en partie vidéo de Daniel de Paula. On y voit défiler sur une carte du Brésil dessinée au mur, un flux d’images provenant de neuf grandes centrales hydroélectriques brésiliennes collectées en ligne et ou à partir d’archives montrant les ravages de ces structures sur les écosystèmes environnants.
Toujours dans la constatation, l’artiste charentaise Barbara Kairos propose 6,52 μg/l. Soit la dose en microgrammes de pesticides par litre d’eau retrouvé dans la Charente, le fleuve le plus pollué de France. Une œuvre se découpant en deux phases. D’abord des bouées aux formes larvaires réalisées à partir de colle de peau qui semblent grimper sur les murs de l’institution. En haut, sur l’estrade, sont déposés des récipients remplis de jus des décoctions de ceps de vigne.
Un fleuve qui peut être aussi vecteur d’union comme avec Atrato, film réalisé par Marcos Ávila Forero. Ici, l’artiste a ravivé auprès des habitants une tradition, celle de frapper la surface de l’eau en groupe pour créer ensemble une mélodie aquatique spontanée et recherchée faisant vibrer à l’unisson les hommes et les éléments.
Une unité qui se retrouve aussi à la tête de cette exposition imaginée par le trio Irene Aristizábal, directrice du Frac Poitou-Charentes, Ana Roman, et Catalina Bergues, respectivement responsable des programmes artistiques et curatrice adjointe à l’Instituto Tomie Ohtake situé à São Paulo. C’est d’ailleurs en terre brésilienne que l’exposition fera étape en novembre dans le cadre de la saison culturelle franco-brésilienne.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
« Eaux souterraines : récits en confluence »,
jusqu’au dimanche 28 septembre,
Frac Poitou-Charentes, Angoulême (16).