De Tulle à Uzerche, du 7 au 11 octobre, les rencontres cinéma et société se penchent, pour ses 20 ans, sur la question « Joyeuses Résistances ? ». Coordinatrice générale de l’association Autour du 1er mai, qui porte le festival, Stéphanie Legrand nous en dit un peu plus.
Pourriez-vous présenter l’association Autour du 1er mai ?
Elle est née à Tulle, en 2005. Son but ? Partager le cinéma pour questionner notre société. Nous proposons également un accompagnement en direction du monde associatif ou éducatif et souhaitons mettre cette expertise à la portée de toutes les structures qui sont en demande.
Votre mot d’ordre est « le cinéma en partage ». Que cela signifie-t-il ?
Nous nous revendiquons pleinement comme une association d’éducation populaire. Ainsi organisons-nous des ateliers de programmation de films mais également un volet de projections, toujours suivies d’un temps d’échange, car nous croyons énormément au lien social.
Longtemps, nous avons promené nos écrans dans le département, en partenariat avec l’association Peuple et Culture Corrèze. Désormais, nous faisons venir le public au cinéma qu’il soit lycéen ou résident en Ehpad. Ce n’est pas parce qu’il y a moins d’écrans dans notre département que la curiosité n’est pas grande tout comme les attentes ! Nous avons noué énormément de liens et touchons un large public.
Quelle est la nature de la manifestation Rencontres cinéma et société ?
C’est un festival particulier car dénué de toute compétition et purement rétrospectif. Nous y présentons tous les formats — de la fiction au documentaire — en partenariat avec le CNC. Chaque année, nous choisissons une thématique avec des films à la fois confidentiels et grand public. Nous procédons tout au long de l’année à une veille qui nous permet d’effectuer des repérages. Nous avons la chance en Nouvelle-Aquitaine d’avoir un riche panel de festivals qui nous permet d’avoir accès à de nombreuses propositions.
Cette année la thématique s’intitule « Joyeuses Résistances ? ». Pourquoi ce point d’interrogation ?
Une volonté affirmée de questionnement car, parfois, les résistances ne se savent pas, elles sont en train de se former et n’ont pas tout à fait conscience de leur statut. Donc, nous nous interrogeons sur cet acte dans un monde en mouvement voire en pleine bascule. Pour autant, il ne s’agit pas d’une vision purement historique, encore moins de prospective.
Au contraire, nous souhaitons montrer si possible les différents visages sur des enjeux allant du monde du travail à l’environnement. Nous sommes au-delà de la spéculation. Dernier point et non des moindres, nous proposons des documentaires et de la fiction à égalité car nous avons à cœur de soutenir la forme documentaire.
Que signifie avoir 20 ans ?
Certes, c’est un cliché, mais on n’a pas tous les jours 20 ans ! Nous avons désormais suffisamment de recul pour être fiers du festival et fiers de notre public fidèle à Tulle mais aussi dans toute la Corrèze. Nous caressons de nouvelles envies pour prolonger et nous projeter dans une période où les associations sont plongées dans des situations financières turbulentes. Il faut également — c’est une nécessité — diversifier ses ressources mais également défendre le modèle associatif. Nous sommes ravis d’être toujours là et remercions particulièrement Le Véo, cinéma de Tulle, qui nous accompagne depuis toutes ces années.
Quelles sont les autres actions que vous menez à l’année ?
Il y a « La Discute », séance mensuelle, organisée chez notre partenaire Le Véo, à Tulle. Une sélection sur des thématiques spécifiques suivie d’un fructueux temps d’échange. Nous accompagnons également bon nombre de structures dans le domaine de la projection. Nous collaborons avec la Ligue des Droits de l’Homme.
Enfin, nous avons constitué un « catalogue », la Base cinéma et société, qui recense les films sur cette thématique. En accès libre, elle s’adresse aux professionnels comme aux amateurs, aux médiathèques, aux associations, aux syndicalistes, mutualistes, membres de la société civile, aux chercheurs… à qui souhaite trouver des films, les localiser, les visionner, les programmer. Nous l’alimentons par la veille que nous exerçons, mais elle est aussi complétée par des sociétés de production ou directement par des cinéastes. Nous ne visons pas l’exhaustivité mais proposons films et documentaires de toutes les époques.
Quelle est l’humeur de cette édition 2025 ?
Joyeuse ! Espérons-le, même si nous ne sommes pas naïfs. Nous ferons en sorte que le public reparte heureux et que ce festival fasse du bien.
Propos recueillis par Marc A. Bertin
Informations pratiques
Les Rencontres cinéma et société,
du mardi 7 au samedi 11 octobre,
Tulle (19) et Uzerche (19).