Le Musée d’Angoulême rassemble plus de 200 œuvres et documents afin de se plonger dans l’univers de l’artiste théoricien des peintres nabis Maurice Denis.
À la fin du XIXe siècle, plusieurs courants artistiques émergent pour repenser l’art au-delà de la simple imitation du réel. La représentation fidèle n’est plus une fin en soi et un vaste champ d’expérimentation s’ouvre aux artistes (impressions, abstractions, spiritualités…) en complément d’une attention nouvelle portée à la matérialité du support.
« Un tableau ‒ avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote ‒ est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Cette célèbre maxime de Maurice Denis, chef de file des Nabis, résume bien cette évolution.
Interroger la nature de la peinture
Ce groupe, composé entre autres de Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Paul-Élie Ranson et Édouard Vuillard, interroge la nature même de la peinture et explore ses dimensions symboliques, décoratives et sensibles. Jouant avec les codes d’une société secrète, ses membres se donnent des surnoms, qualifient leurs ateliers de temples et apprécient le langage codé.
Conservant la Forêt de Mörschwil, seule œuvre de l’artiste dans ses collections, le Musée d’Angoulême a rassemblé un important ensemble de tableaux, croquis et documents auprès de prêteurs publics et privés pour aborder la prolifique production de Maurice Denis. Bien que connu pour sa ferveur catholique, à l’image du goût prononcé des Nabis pour le spiritisme et la théosophie, c’est via la figure de l’artiste-voyageur que le musée a choisi d’organiser cette exposition. En effet, avec un père travaillant dans les transports ferroviaires, le peintre a très tôt cultivé le goût du voyage quand cette activité tenait encore de l’exception.
Exploration de proximité
Dans un style aux formes simplifiées, abandonnant la perspective traditionnelle pour aplanir l’image, privilégiant des couleurs subjectives appliquées en aplats, on suit l’artiste en Bretagne, à Carcassonne, en Italie, en Suisse et en Palestine. Paysages naturels, vues urbaines, portraits et sujets religieux sont pour la plupart traités en petits formats, invitant à une exploration de proximité.
La découverte est tranquille devant des scènes qui n’ont rien de l’actuelle agitation du tourisme de masse. La lenteur s’installe davantage lorsque l’on détaille les correspondances écrites à la plume pour un périple intimiste dans un autre temps.
Hélène Dantic
Informations pratiques
« Maurice Denis, en quête d’ailleurs »,
jusqu’au dimanche 4 janvier 2026,
Musée d’Angoulême, Angoulême (16).