Du 19 au 21 septembre, entre Landes et Gironde, place à la deuxième édition des forêts en scène . 8 compagnies, 8 spectacles et 13 représentations, le temps d’un week-end, pour s’immerger dans les paysages du parc naturel régional des Landes de Gascogne. Sébastien Carlier, responsable du Pôle éducation au territoire et action culturelle à la Maison du Parc, nous en dit plus.

Forêts en scène est une manifestation initiée à l’occasion de la journée internationale des forêts, le 21 mars, organisée par l’Office national des forêts, ayant proposé près de 200 animations gratuites entre le 15 et le 23 mars 2025. Or, au parc naturel régional des Landes de Gascogne, ce sera cet automne, pourquoi ?

Alors, sachez, aussi étonnant que cela puisse paraître, qu’il n’y a aucune connexion avec cette manifestation ! On s’en est rendu compte l’an dernier malgré nos liens avec l’Office national des forêts. Nous partagions le même intitulé mais pour des propositions totalement différentes. Le nom existe déjà et ce n’est pas bien grave car non seulement notre propos, mais également nos partenaires sont différents.

Ainsi, nous ne sommes pas uniquement programmateurs, nous intervenons dans le cadre de la coproduction. Nous parlons de forêts, de développement durable, de ciel étoilé, et d’environnement. Les sujets sont pluriels, il n’y a pas de focale uniquement dédiée à l’arbre. Enfin, nous sommes certes un PNR mais à 90% privé, donc l’ONF y est très peu présent par rapport, par exemple, aux forêts domaniales du cordon dunaire.

N’est-il pas paradoxal de programmer des arts de la rue dans les bois ?

Devrions-nous priver ce territoire et ses 53 villages d’une discipline artistique ? De plus en plus, les arts de la rue prennent leurs valises en direction de la ruralité car l’espace public urbain devient, lui, de plus en plus compliqué avec beaucoup trop de normes.

Il y a un plaisir de faire des choses plus simplement dans les petites communes comme Saint-Symphorien ; la logistique, les normes de sécurité y sont totalement différentes. Pour rappel, dès 2014, nous accueillions Générik Vapeur, dont la renommée n’est plus à faire ! On s’y retrouve tous, PNR et artistes.

Pourquoi avoir noué ce partenariat avec Sur le pont — Centre national des arts de la rue et de l’espace public en Nouvelle-Aquitaine ?

Il ne vous a pas échappé qu’un centre national a, entre autres, pour mission le rayonnement régional et se doit de soutenir tout un réseau. Le PNR étant lui-même un outil régional et un lieu d’expérimentations, nous nous sommes naturellement retrouvés. Nous avons également noué des partenariats avec l’Agence culturelle de la Gironde (IDDAC) et l’OARA – Office artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine.

3 jours et 2 communes afin de rendre compte de la taille du PNR des Landes de Gascogne ?

Il est hélas impossible d’être partout, raison pour laquelle, nous avons adopté un rythme de biennale parce que entre-temps nous produisons et organisons des résidences ‒ 9 en 2024. À cette occasion, les compagnies invitées rencontrent tous les acteurs du territoire.

Puis, tous les 2 ans, nous organisons ce temps fort, nomade, qui maintient l’équilibre entre le département des Landes et celui de la Gironde. À chaque fois, nous recherchons des lieux adaptés aux contraintes artistiques et logistiques comme aux questions des moyens techniques. C’est la proposition qui pose le cadre du choix des villages. Toutefois, nous entendons les désirs des maires et des villages.

L’objectif est-il d’apprécier cette forme du spectacle vivant ou bien de (re)mettre un peu de lumière sur ce vivant si loin, si proche ?

Les deux. Vraiment car la place de la culture figure en amont du PNR dont l’une des missions est de « développer une conscience de territoire ». Une intention d’ouvrir encore plus le champ de la sensibilisation avec l’appui d’artistes. Nous sommes un moteur pour ramener ces formes rares dans les villages.

Quid de la sélection ?

Les sollicitations sont énormes. La focale sur les questions d’environnement de plus en plus aiguë. En 6 ans, j’ai pu constater un changement drastique dans le propos artistique. En fin de compte, nous nous appuyons sur l’expertise de l’OARA, de l’IDDAC et de Sur le pont car c’est un travail de longue haleine pour ramener des formes originales.

Dans ce partenariat, nous sommes capables d’accueil et de résidence ; ce qui est déjà beaucoup ! Certaines compagnies portent un discours de rassemblement, partagent une sensibilité, un discours politique voire militant. D’autres tiennent des propos plus poétiques. Le curseur bouge en permanence. On a accueilli ainsi, en dernière minute, La Compagnie des Musiques Télescopiques avec Nocturnes, un concert en pleine nature, au casque, du coucher de soleil à la nuit tombée. Sinon, hormis la compagnie  Jeannette Klaxon et la compagnie Pernette, toutes sont néo-aquitaines.

Un coup de cœur ?

D’arbre en arbre de la compagnie Carabosse, collectif investi depuis 1996 dans les arts de la rue, très connu internationalement mais finalement peu présent en Nouvelle-Aquitaine. Cette création, qui devait être accueillie en 2022, a été victime collatérale des grands incendies de sinistre mémoire. On y retrouve des arbres meurtris par cette catastrophe.

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

Forêts en scène,
du vendredi 𝟭𝟵 au samedi 20 septembre,
Saint-Symphorien (33).

dimanche 21 septembre,
Belhade (40).