Avec l’arrivée de la cheffe Élodie Pichard, la table bistronomique Côté Zinc, sise avenue Thiers, sur la rive droite de Bordeaux, poursuit sa belle aventure.

On se remémore l’ouverture de ce vrai caboulot de quartier, récréation et non annexe de L’Oiseau bleu ; Frédéric Lafon se/nous faisait plaisir. Puis, en 2022, il a vendu son joli piaf à François Sauvêtre, qui en 2020, y avait décroché une étoile fort méritée. Et, en décembre 2024, il cédait Côté Zinc à Élodie Pichard.

Tout sauf, une inconnue, les souvenirs de CRU, entre 2018 et 2023, sont encore vivaces du côté du quartier Saint-Pierre. Passée notamment par La Table Calvet, Gravelier et la Brasserie bordelaise, elle bluffait alors son monde avec ses audacieuses propositions de tartares, mais les soubresauts post-pandémie ont quelque peu rebattu les cartes. Désormais, Frédéric et Sophie Lafon veillent aux destinées de Maison Destieu, chambres et table d’hôtes à Saint-Sulpice-de-Faleyrens tandis qu’Élodie Pichard a franchi la Garonne.

« Du cru au cuit »

Pour son mari, Jérémie, avec Côté Zinc, « on est passé du cru au cuit ». Fin de l’article ? Apprécions le bon mot. Et rassurons les esprits anxieux : le comptoir est toujours en place, le bar accueillant, la terrasse inondée de soleil en fin d’après-midi, et l’établissement n’a connu que des rafraîchissements à la marge.

Plus que tout, la formule est inchangée : entrée-plat-dessert (23 €) le midi, tapas du monde entier en soirée. Les habitués ont pu souffler, retrouvant leurs marques et l’équipe historique ; le second de la cheffe est au piano depuis 5 ans. Le contrat de confiance, la base d’une bonne entente, surtout quand on veut casser la croûte.

Une tarte façon pissaladière en guise d’entrée, généreuse en anchois et en olives noires, avec une pâte feuilletée et du croquant, voilà qui change et laisse augurer un déjeuner sans faute. Aparté. Il y a un plaisir régressif à se retrouver à table avec un plateau-repas, écho lointain de la cantine, et, surtout, offrant la possibilité de savourer comme on l’entend les mets dans l’ordre de son choix.

Saveurs tout en constate

Pêche du jour, vierge d’asperges et gratin d’épinards. Ce n’est pas vendredi, mais le merlu ne saurait attendre, dans son huile légèrement pimentée, accompagnée d’asperges blanches et d’une julienne de petits légumes. Perfection de la cuisson, saveurs tout en contraste. Et que dire de cet onctueux gratin, riche en béchamel balançant l’amertume des épinards. Aparté bis. Pain remarquable, d’excellente facture. Cela constitue un gage de qualité. Toujours.

Crumble à la rhubarbe. Quelle merveilleuse idée ! Croustillant et moelleux, sucré comme il faut. Dans le gosier, un canon de Château Pudris, 2022, un bordeaux blanc sec et bio. À ce sujet, la carte des vins musarde entre les appellations hexagonales, jouant, non sans malice, de la séparation des crus locaux entre rive droite et rive gauche. Un dernier regard sur le somptueux bouquet de pivoines, copinant avec un jambon. La clef de la félicité ?

Aparté ter. Dédicace à notre confrère de Sud Ouest, Benoît Lasserre, croisé en arrivant sur place, futur heureux retraité à Bayonne, temple de la gastronomie s’il en est.

Marc A. Bertin

Côté Zinc
129, avenue Thiers, Bordeaux (33),
Réservations 05 35 38 33 48
Mardi, 12h-13h30. Du mercredi au samedi, 12h-13h30 et 19h-21h30.
Fermeture lundi et dimanche