Crush, la cave, c’est la nouvelle venue dans les adresses bordelaises. L’échoppe d’Arnaud Pecriaux se veut militante en faveur des vins de Bordeaux.

« On parle de circuit court pour les tomates, or le vin devrait y échapper ? Ici, on trouve actuellement deux tiers de vins de Bordeaux. À terme, je compte arriver à 80% et en vendre au moins 60%. » Voilà. Nul chauvinisme, nulle posture, uniquement du bon sens. Et des convictions. « Aller chercher des références à la peine pour mieux les représenter. Vins de paysans et d’artisans, telle est ma ligne de conduite. »

On l’aura compris, l’ancien sommelier, passé par l’Institut Paul Bocuse, à Lyon, a réellement à cœur de traiter directement avec les vignerons. Concrètement, le lundi sur les routes et des escapades, certains matins, pour devenir « un passeur » entre producteurs et consommateurs. « Je dois raconter des anecdotes comme le nom du chien du domaine plus qu’une connaissance parfaite de la nature des sols. »

Vraie vie de quartier

Crush, dont le nom (anglais) signifie à la fois fouler le raisin et avoir le béguin, constitue l’aboutissement de 15 ans de carrière, où Arnaud Pecriaux aura autant « vendu du vin au verre qu’expédié des palettes en Australie ». Son antre, tout en longueur et en niveaux, situé rue Fondaudège, agrège tout ce dont il rêvait : une vraie vie de quartier, des commerces de bouche, et, atout supplémentaire, une station de tramway.

Amateur de belles étiquettes — sans sombrer dans les dérives des jeux de mots foireux et autres graphismes pour start-uppers —, l’homme ne fonctionne pas par appellation, plutôt par gamme de prix et gamme de goût : « J’apprécie ce qui sort de l’ordinaire, notamment en termes d’effervescent comme les crémants. »

Investi dans mille projets dont ARPE Distribution, activité de négociant en vins rares, dédiée aux grands crus et aux vieux millésimes, il est aussi grossiste pour la restauration, spécialisé dans la vente en ligne, et conseiller en événementiel (les mariages, notamment). Et, sous peu, des ateliers ; logique prolongement, « je goûte au domaine, puis, à table, en bonne compagnie pour recueillir les commentaires ».

 » Redécouvrir le bordeaux dans une version moderne »

Crush n’a pas d’ornière, accueillant vins naturels, biodynamie, et quilles sans alcool, « des infusions ou des macérations de plantes à savourer à l’apéritif », et affirmant une certaine singularité, « je raffole du cidre et souhaite en proposer de plus en plus car c’est similaire au vin, tout venant du fruit ».

Quelques spiritueux, « je ne suis pas un grand spécialiste », mais aucune épicerie fine ; chacun son métier. Cela dit, on vient pour l’entendre vanter les mérites du Clos du Notaire, Côtes de Bourg 2020, « un modèle pour redécouvrir le bordeaux dans une version moderne », pas pour la découpe du bandard…

Marc A. Bertin

Les informations pratiques

LE PANIER GARNI

• Bel en blanc, Château de Bel, 20€.
« Un bordeaux blanc, en vin de France, cépage 100% muscadelle, élevage 2 ans, signé Olivier Cazenave, à Arveyres, en Entre-deux-Mers. Un grand vin de gastronomie, sec, aromatique, idéal pour les volailles et les poissons plus qu’en apéritif. »

• Château Martinho, Listrac Médoc, 2009, 26€.
« Miguel Martinho Afonso, passé par Château Mouton Rothschild, travaille cette merveille 18 mois en barrique et propose encore des vieux millésimes à des prix défiant toute concurrence. Remarquable. »

• Bubbly de Monicord, 17€.
« Un crémant de Bordeaux en cépage 100% sémillon, élaboré 12 mois en cave selon la méthode traditionnelle, frais, tendu, tout sauf lourd. Clos Monicord, c’est 2 hectares, à Vérac, à 20 minutes de Saint-Émilion. »

Crush La Cave
61, rue Fondaudège 33000 BORDEAUX
Tél. : 05 56 44 37 59