DRAGA Draga, le supergroupe d’Anna Mouglalis et Lucie Antunes met en musique un texte monument du féminisme. Un uppercut poétique délivré à Bordeaux.
« « Elles disent qu’elles s’enorgueillissent à juste titre de ce qui a longtemps été considéré comme le symbole de la fécondité et de la puissance reproductrice de la Nature » : l’une des nombreuses déclarations d’indépendance et de réappropriation du féminaire Les Guérillères, publié en 1969 par Monica Wittig, qui a interpellé la batteuse et productrice Lucie Antunes. Particulièrement lorsque ces mots sont prononcés par la voix profonde de l’actrice Anna Mouglalis, lors d’un soir d’improvisation sur la scène de la Philharmonie de Paris…
Mettre le texte en musique
Très vite, le besoin de mettre ce texte en musique se fait sentir, et les deux guerrilleras s’entourent de pointures : P.R2B, qui avait retourné le petit monde de la chanson française avec son premier album Rayons Gamma en 2021, mais aussi Théodora Delilez (bassiste de Laura Cahen et du groupe Théodore, Paul & Gabriel) et Narumi Herisson, plus connue sous son alias pop Vega Voga.
Un album est enregistré dans l’urgence propre à ce texte aussi provocateur qu’il est empli d’amour et de poésie. Pendant les sessions, l’affaire des viols de Mazan vient rappeler aux cinq artistes l’importance de leur mission, et la connexion spirituelle avec Wittig, romancière, philosophe et militante qui influença grandement le mouvement queer, est presque palpable.
Derrière l’interprétation théâtrale et habitée d’Anna Mouglalis, la « touche Antunes » est bien présente avec ses rythmes puissants et galvanisants, ses chœurs mutins et ses montées euphoriques. Mais chaque artiste apporte sa pierre précieuse à l’édifice et sa patte personnelle, entre new wave, krautrock et punk. Le résultat est aussi saisissant qu’incendiaire, et le combat se poursuit désormais sur scène.
Benjamin Brunet
Informations pratiques
Draga ‒ « Ô Guérillères »,
samedi 27 septembre 2025, 21h,
Rock School Barbey, Bordeaux (33).