La 2e édition des Rencontres d’Architecture en Mouvement se tient à Oloron-Sainte-Marie du 9 au 11 octobre. Véritable laboratoire, cette manifestation ouverte au public veut aborder collectivement l’architecture pour repenser nos modes de vie et de construire. Rencontre avec Anna Chavepayre, commissaire de la biennale et cofondatrice du collectif encore, et Virginie Gravière, présidente de l’Ordre des architectes de Nouvelle-Aquitaine, organisateur/créateur de la biennale.

La première édition avait eu lieu à Limoges en 2023 ?

En effet car les Rencontres d’Architecture en Mouvement ont été pensées comme une manifestation itinérante qui met en lumière des territoires différents, à l’image d’Oloron-Sainte-Marie cette année. La biennale est un espace d’expérimentations et de dialogues avec une diversité d’intervenants : architectes, urbanistes, paysagistes, mais aussi des élus, des journalistes, des étudiants, des citoyens… L’architecture est un bien commun qui nous concerne toutes et tous. C’est un des messages que nous voulons faire passer avec le soutien de nos partenaires, aussi bien nationaux que locaux.

Les enjeux ont-ils changé ?

Nous ressentons une urgence à repenser collectivement les modèles. L’Ordre des architectes est à l’initiative d’un manifeste — Habitat, Villes, Territoires : l’architecture comme solution — dont le plaidoyer reste le fil rouge de cette seconde biennale.

Le choix d’Oloron-Sainte-Marie est une illustration directe de cet engagement. Le département des Pyrénées-Atlantiques polarise plusieurs enjeux, comme le rééquilibrage entre territoires urbains et ruraux, les tensions sur le logement, notamment sur le littoral basque, mais aussi la réhabilitation du bâti existant, souvent inutilisé. Or il faut savoir que la ville de demain est déjà en grande partie construite ! Notre rôle consiste donc à préserver les ressources et à composer avec ce « déjà-là ». La réhabilitation doit être reconnue comme un acte architectural à part entière. C’est un sujet que notre profession porte tant au niveau régional qu’au niveau national.

Comment cela se traduit-il dans la biennale ?

Les Rencontres d’Architecture en Mouvement sont une occasion privilégiée pour débattre de ces sujets et inciter chacun à devenir acteur de ces transformations. Installé depuis douze ans à Auterrive, entre Béarn et Pays basque, le collectif encore a été choisi pour mettre en œuvre cette manifestation en raison de sa connaissance du territoire, son expertise dans la réhabilitation et son bon sens radical.

Que pourra-t-on voir pendant ces trois jours ?

La biennale se déploie autour de trois thèmes : Habitat / Habitants / Habitudes. Habitat explore nos manières d’habiter et questionne nos priorités. Habitants place les êtres vivants au cœur des réflexions et des projets. Habitudes questionne nos usages quotidiens et imagine d’autres façons de vivre ensemble. L’habitat et le logement sont malheureusement souvent considérés comme des produits, et le bâtiment comme un moteur de croissance. Or, ce secteur doit se réinventer : changer notre regard, établir de nouvelles règles et imaginer de nouvelles valeurs d’usage…

Grâce à des visites que nous appelons « exposition en vrai », cette biennale est l’occasion de s’intéresser concrètement à ce qui nous relie au territoire à toutes les échelles, ses forêts, ses rivières, ses paysans, ses cultures, et, d’une manière plus large, à tous les liens que nous entretenons avec notre milieu.

Nous allons aussi bien rencontrer un charpentier qui travaille le bois vert à la hache, que découvrir un projet de carrefour territorial à Ostabat, où un centre d’évocation du paysage et du patrimoine (V2S), un restaurant, un centre d’hébergement inclusif (Les Architectes Anonymes) sont en train de sortir de terre.

Vous revendiquez le côté pluriel de cette manifestation ?

Oui, les Rencontres d’Architecture en Mouvement sont un moment d’acculturation croisée. En réunissant des personnes très différentes, nous espérons que ces échanges permettront de définir des orientations communes. La biennale est une occasion de vivre l’utopie, comment pouvons-nous la faire durer ? C’est aussi un moment festif, avec des expositions, des projections, de la musique, de la danse… La culture est fondamentale pour l’imaginaire et la médiathèque d’Oloron-Sainte-Marie est un de nos lieux de rassemblement. Ce bâtiment de Pascale Guédot a reçu en 2010 le prix de l’Équerre d’Argent, avec un programme qui s’intègre à la confluence des gaves. C’est aussi un lieu formidable d’éducation et de partage!

Propos recueillis par Benoît Hermet