Quand l’été touche à sa fin, lui bat son plein ! Niché dans un grand pré en Gironde, le festival Pampa, bricolé par une troupe, allie avec singularité pièces du répertoire et trouvailles contemporaines. Suivez les panneaux, par ici la 11e édition, du 22 au 30 août.
« Un rêve de théâtre, exigeant et festif, populaire et littéraire, aussi convivial que possible. » Voilà la formule gagnante de ce festival Pampa, créé en 2014 par un collectif de 10 artistes – 14 à ce jour. Alors lassés des affres de la création en région parisienne, ces jeunes metteurs en scène et comédiens veulent expérimenter librement, et imaginent leur propre format.
Ecrin parfait en plein air
Ce sera un festival estival et en plein air, écrin parfait pour monter plusieurs pièces, notamment du répertoire, avec de grands rôles à jouer. Leurs créations annuelles font gage d’éclectisme, entre textes classiques, modernes et contemporains, de Shakespeare et Molière à Jon Fosse, en passant par Koltès. Néophyte ou fervent théâtreux, chacun peut s’y retrouver mais aussi faire de belles découvertes, avant d’en discuter autour d’un repas – fait maison. La programmation se complète par des compagnies invitées, locales et (inter)nationales.
Au menu de cette édition ? D’une part, trois créations du collectif Pampa. Matthieu Dessertine, le directeur artistique du festival, met en scène La nuit où Jessica Alvarez tua Freddy Siffredi. Ce texte du dramaturge aveyronnais Jérémie Fabre se diffracte en deux histoires qui finiront par se rejoindre, sur fond de résultats d’élections. Un militant de droite, une étudiante, un vernissage en préparation, un animal sauvage échappé du jardin zoologique, le tout dans une banlieue où se jouent les réalités de la montée de l’extrême droite en France et en Occident. Restent l’art et l’imaginaire pour déjouer les impasses…
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Autre contrée, autre style
Autre contrée, autre style : Matthieu Dessertine et Léon Cunha Da Costa montent et jouent Les apparences sont trompeuses, de Thomas Bernhard, illustre auteur autrichien du XXe siècle à l’ironie âpre. Deux frères vieillissants se retrouvent chaque semaine, rituel pesant mais nécessaire pour combler le néant angoissant, et ne cessent de monologuer même quand ils dialoguent. Leur sujet : Mathilde, la femme de l’un, qui vient de mourir, prétexte pour faire dériver la discussion en conflit autour des questions de l’art et des liens familiaux pathogènes.
Enfin, Anthony Boullonnois et Jonathan Dupui signent un conte burlesque tous publics avec Les Murmures du Roiseau. Un tyran, avide d’adulation, impose un récit unique au monde. Mais dans l’univers du rêve, le Roiseau, lui, se fait messager au service de la poésie. Une ode à la nature et à l’émerveillement, jouée notamment le 22 août, date où le festival sort de son pré pour se loger au Jardin public de Sainte-Foy-la-Grande.
Quid des spectacles invités ? Plongeons dans la nuit du 4 août 1789, actant la fin des droits féodaux, avec L’Abolition des privilèges, une adaptation du roman de Bertrand Guillot par Hugues Duchêne. Et laissons-nous conter les amours des locataires d’un immeuble parisien par la fille de la gardienne, dans L’Amour et la Violence de Régis de Martrin-Donos. Avant de voyager avec Danube, au kilomètre zéro de Mathias Zakhar. Seul en scène, il remonte le fil du Danube pour retrouver celui de son histoire familiale, faisant, entre autres, émerger le destin de peuples opprimés au cours du XXe siècle. Un écho particulier, à l’heure où l’Europe vacille…
P.S. : Le collectif Pampa vous attend au 539, route de Calabre à Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt !
Hanna Laborde
Informations pratiques
Festival Pampa,
du vendredi 22 au samedi 30 août,
Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt et Sainte-Foy-la-Grande (33).