Pour ses 40 ans, le Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne ‒ château de Rochechouart expose les œuvres les plus emblématiques de sa collection avec l’exposition « Célébration ».
Au début des années 1980, dans le cadre de la démocratisation culturelle impulsée par Jack Lang, une politique en faveur de la diffusion des arts plastiques fut mise en place, se traduisant par la création des centres d’art contemporain et des fonds régionaux d’art contemporain, des collections d’œuvres qui font encore figure d’exception à l’échelle internationale.
200 millions d’années
C’est à la même époque, en 1985, qu’ouvre le Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne à l’initiative du Conseil général. Il s’installe dans le prestigieux château de Rochechouart, un monument qui a vécu de nombreuses vies avant celle-ci. La dimension patrimoniale de cet écrin a donné une tonalité particulière à la collection. Sa constitution a aussi été fortement teintée par le contexte environnemental particulier puisque, ainsi que le site internet du musée le rappelle, tout ceci a débuté il y a « environ 200 millions d’années. Une météorite tombe. Le château est construit avec les roches modifiées par l’impact ».
C’est donc autour de trois thèmes fondamentaux que la collection s’est enrichie : l’Histoire, le paysage et l’imaginaire. Elle compte à ce jour plus de 2 200 pièces d’artistes d’envergure internationale, régulièrement exposées dans le musée, à l’instar de l’échantillon présenté pour les 40 ans, augmenté d’un dépôt du Centre national des arts plastiques renouvelé pour l’occasion.
Exposition anniversaire
Et cette exposition anniversaire s’inscrit dans la lignée de ce que l’on découvre à chaque visite : un ensemble particulièrement qualitatif, tant dans les œuvres d’artistes majeurs que dans celles des créateurs émergents. Située dans un contexte rural, ce fonds n’a en effet rien à envier à d’autres institutions à rayonnement régional ou national. Au fil des années, des œuvres remarquables ont été acquises, certaines désormais inaccessibles à des collections publiques, à l’exemple de la vanité de Gerhard Richter.
Le parcours d’exposition s’organise autour de deux axes : un hymne à la création suivi d’expériences contemplatives. Au fil de la visite et des générations d’œuvres, on constate la permanence de sujets engagés dans les pratiques artistiques, qu’il s’agisse de l’invisibilisation de minorités, de la relation de l’humanité au vivant ou des rapports de domination.
On peut citer : l’aspiration à la liberté des adolescents chez Laure Prouvost ; la déconstruction des rôles féminins culturellement assignés dans les dessins d’Annette Messager ; les poèmes visuels de P. Staff et les déclarations textuelles de l’incontournable John Giorno ; les malicieuses sculptures de Lou Masduraud qui s’offrent comme des plans d’évasion au sein des murs ; la délicate sculpture d’herbes de Christiane Lörh ; l’installation immersive d’Anthony McCall qui déstabilise nos sens ; la sculpture filet de Carolina Caycedo qui dénonce la privatisation des eaux au Brésil et en Colombie ; le paysage de Kate Newby composé à partir de céramique et verre fondu, où l’on se perd dans la contemplation.
Hélène Dantic
Informations pratiques
« Célébration »,
jusqu’au dimanche 14 décembre,
Musée d’art contemporain de la Haute-Vienne ‒ château de Rochechouart, Rochechouart (87).