Devenu incontournable en Nouvelle-Aquitaine, le festival établi à Talence et dévolu aux orphelins des sapeurs-pompiers fête en majesté son 10e anniversaire du 10 au 15 juin. Entretien avec Sébastien Lussagnet, directeur et fondateur, avant de souffler les bougies.
Quelle a été la genèse du premier festival ? Pourquoi l’avoir organisé ?
L’histoire démarre avant le festival. Le corps de métier des pompiers, dont je fais partie puisque je suis sapeur-pompier, est très proche du Téléthon. Dès 2005, j’ai commencé à organiser des raids sportifs au profit du Téléthon. Dans cette démarche, nous nous sommes dit que ça serait bien d’amener des gens connus avec nous sur les canoës pour essayer d’apporter le maximum de joie aux enfants malades. De là, je suis allé à la rencontre d’Éric Jean-Jean et Cyril Lignac.
Éric m’a dit très humblement : « Tu sais, je ne suis pas très connu mais je peux t’aider si tu veux mettre de la musique dans ton projet. » On a commencé, petit à petit, en tâtonnant, à organiser des concerts après les raids sportifs. Une activité qui apportait beaucoup de baume au cœur et de plaisir.
Après quelques années, nous nous sommes concertés pour faire quelque chose de plus gros, spécialement autour de la musique en terre girondine pour une autre cause qui nous tient à cœur et qui est un besoin : l’œuvre des orphelins des sapeurs-pompiers de France. Tout cela a pris forme au parc Peixotto, un lieu qui m’apparaissait extrêmement adapté, à Talence, ville dans laquelle je réside. Nous sommes allés voir avec la municipalité pour mettre ça en pratique.
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Comment pérenniser cette aventure ?
Il y a plusieurs facteurs. D’abord, nous avons la chance de compter sur une formidable équipe de bénévoles, ce qui est une grande force. Ensuite, trouver les fonds pour perdurer. Nous recevons aussi le soutien de la mairie de Talence et de Bordeaux Métropole. Nous avons aussi un énorme travail de recherche de mécènes et de partenaires tout au long de l’année car ce sont eux qui nous permettent d’exister. Aujourd’hui, nous avons la chance d’être accompagnés par des partenaires et des mécènes très fidèles.
En termes de programmation, comment se construit l’identité d’un festival ?
Nous collaborons avec Festival production, notre partenaire, qui assume et gère ce rôle excessivement bien. Programmer à Bordeaux, ce n’est pas simple du tout, notamment quand il y a une très jolie salle comme l’Arkéa Arena avec un beau spectacle tous les deux ou trois jours de programmé… Désormais, avec le réseau et l’expérience de Festival production, nous arrivons à sortir quelque chose chaque année.
10 ans plus tard, un souvenir marquant à retenir en particulier ?
J’en ai plusieurs forcément ! Le principal, celui que le public ne voit pas tout le temps, ce sont les rencontres entre orphelins et artistes qui se font dans les coulisses. Des moments poignants avec des gamins qui ont des larmes de joie alors qu’ils ont connu des larmes de tristesse peu de temps avant, c’est touchant ! Après, sur le festival quand vous faites votre premier guichet fermé, c’est aussi marquant pour un organisateur. Dorénavant, nous avons aussi un événement dans l’événement avec l’Ociane Matmut ODP Kids, une manifestation pensée pour les familles et les enfants autour du monde pompier, qui initie aux gestes qui sauvent.
Nous étions à 500 personnes environ les premières fois, maintenant on en accueille quasiment 10 000 durant le week-end dans un accès gratuit… C’est assez fou de voir que des choses concrètes reliées directement à notre métier plaisent aussi au plus grand nombre, ça fait chaud au cœur. Plus généralement, ce sont les rencontres ; nous vivons de très belles choses. Enfin, quand nous voyons et lisons les retours très positifs de notre public, c’est toujours particulier !
Quel état d’esprit pour les 10 ans ? On regarde en arrière ou on se projette ?
Ni l’un ni l’autre (rires). Nous voulons vraiment profiter de cette célébration, vivre le moment présent tout en gardant notre sérieux dans l’organisation. Nous sommes animés, nous avons envie d’avoir de la proximité avec des festivaliers, de donner de l’amour et des sourires. Nous voulons plonger nos festivaliers dans une bulle de positif et de plaisir quand ils viennent au parc Peixotto.
Quel programme pour les 10 ans ?
Nous partons sur cinq soirées et rajoutons une soirée pour fêter notre anniversaire mercredi 11 juin. Cela prendra la forme d’un gros afterwork, entre 18h et 22h, avec un jeune DJ bordelais, Ladagnous, mais aussi le groupe du chef Philippe Etchebest, Chef & The Gang, et le multi-instrumentiste Waxx. Un événement en accès gratuit avec des invitations à retirer sur notre site internet. Jeudi 12 juin, Ayo, Kyo, et un clin d’œil avec la venue de Kendji Girac, qui fut la première tête d’affiche à se produire à ODP en 2015. Le vendredi, Ben Mazué, Styleto et Pascal Obispo avec sa très jolie tournée des 30 ans. Le samedi, Aliocha Schneider, le local Jérémy Frérot, et Lamomali avec, notamment, Matthieu Chedid, ce qui annonce une clôture géniale. Sans oublier le dimanche, un plateau en accès gratuit offert par notre radio partenaire RTL2.
Si on donne rendez-vous dans 10 ans au festival ODP, dans quel état sera-t-il ?
Impossible de se projeter aujourd’hui… C’est en partie dû au changement du monde des festivals. En dix ans, il a déjà été bouleversé ! Dans dix ans, serons-nous toujours capables de suivre cette évolution alors que nous ne sommes pas des professionnels du spectacle ? Actuellement, il est déjà difficile de suivre la cadence avec un coût des cachets totalement dingue.
Nous n’allons pas demander aux festivaliers de l’assumer, ça paraît trop difficile. Bref, il y a un contexte économique à prendre en compte… et un contexte politique aussi. Il faut que la Ville de Talence souhaite toujours nous accueillir. Ce parc Peixotto, nous l’aimons, nous nous y sentons bien mais il n’est pas à nous et nous en sommes conscients ! De notre côté, nous n’avons pas la volonté de partir dans un autre lieu, nous ne voulons pas non plus faire grossir la jauge du festival. Nous aimerions rester là, continuer avec un événement à taille humaine mais pour cela il va falloir trouver des partenaires et des mécènes pour nous accompagner et pouvoir payer les artistes.
Propos recueillis par Guillaume Fournier
Informations pratiques
Festival ODP
Su mercredi 11 au dimanche 15 juin,
Parc Peixotto, Talence (33)