En ce mois de mai, la Nouvelle-Aquitaine ne manque pas d’expositions à visiter. Focus sur quatre d’entre elles, dans une ambiance de voyage et de biodiversité.

« Vivant, ce que l’art nous dit » à la Cité de l’accordéon et des patrimoines à Tulle

Chaque année, le musée d’Orsay, à Paris, sélectionne 100 œuvres, issues de ses collections, pour les diffuser à travers toute la France et mettre en avant un grand sujet contemporain. En 2025, la thématique du climat et de la biodiversité est à l’honneur. 31 établissements, répartis sur tout le territoire national, participent à cette opération et bénéficient de prêts d’œuvres majeures du musée d’Orsay.

En Nouvelle-Aquitaine, la chapelle du Carmel de Libourne, le musée des Cordeliers de Saint-Jean-d’Angély, le musée de Cognac et la Cité de l’accordéon et des patrimoines de Tulle sont les quatre institutions retenues.

Un an après son ouverture au public, la Cité de l’accordéon et des patrimoines bénéficie ainsi du prêt exceptionnel d’une œuvre du sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929) intitulée
Le Bélier rétif (1909). Dans cette composition en bronze représentant un bélier ruant, retenu par une bergère, le natif de Montauban nous permet de sentir ce moment de grande tension entre l’humain d’un côté et l’animal de l’autre.

Autour de cette sculpture, « Vivant, ce que l’art nous dit » réunit 56 œuvres, du XVIIe siècle à nos jours, pour interroger notre relation au vivant et à l’animal. Ainsi, le musée, et l’art en général, en complément des discours des experts scientifiques, participe à la sensibilisation aux grands enjeux environnementaux.

Qui plus est, ce sont d’abord les propres collections de la Cité qui ont été revisitées et présentées. 29 œuvres sont ainsi sorties des réserves, telle La Mare, grand tableau peint par Edmond Yon (1841-1897) et donné à la Ville de Tulle par le baron Alphonse de Rothschild en 1897. Certaines œuvres ont également pu être restaurées pour l’exposition comme deux tableaux de Constantin Bruni, peintre d’origine russe installé dans le village de Saint-Augustin pendant l’Occupation.

Voyage « Au bord du monde » à la Maison des douanes de Saint-Palais-sur-Mer

Le grand public ne cesse de (re)découvrir le travail inouï par l’ampleur — 120  000 clichés au bas mot — de Vivian Maier, singulière figure de la street photography, nourrice des décennies durant à Chicago, Illinois au XXe siècle. Une figure à découvrir à la Maison des douanes de Saint-Palais-sur-Mer, à travers son exposition « Au bord du monde ».

La postérité de Vivian Maier [ qui à l’honneur de la une de Junkpage en mai, NDLR] débute en 2007 lorsque John Maloof, jeune agent immobilier et président d’une société historique locale, alors en quête de photographies susceptibles d’illustrer un ouvrage qu’il consacre au quartier de Portage Park, à Chicago, fait l’acquisition pour 400 dollars d’un lot (30 000 négatifs, des dizaines de rouleaux de pellicule et une poignée de tirages réalisés dans les années 1950-1960).

Puis, en 2008, un autre collectionneur, Ron Slattery publie des photographies avant d’en faire commerce sur eBay™, tandis que Maloof dédie une partie de son blog et de son compte Flickr à cette découverte. Miracle d’Internet et de la viralité, Vivian Maier devient, à titre posthume (elle meurt en 2009), objet d’études, de fascination et de spéculations (de ses névroses obsessionnelles à l’influence de Lisette Model sur son approche). Depuis, monographies, documentaires, catalogues et expositions (« Vivian Maier (1926-2009), une photographe révélée » au château de Tours en 2013) se succèdent.

« Au bord du monde » propose de dresser une cartographie de ce territoire inédit, et explore, au fil d’une déambulation sans destination, les thématiques que Vivian Maier n’a eu de cesse d’aborder pendant près de 45 ans.

Pour la première fois, le visiteur découvre un chapitre méconnu de sa vie : le tour du monde qu’elle entreprit durant six mois, en 1959, et qui la conduisit de Chicago à la Floride, au Venezuela, aux Philippines, en Chine, au Yémen, au Tibet, en Malaisie, en Égypte, en Italie, et se termina en France dans son village natal de Champsaur.

Soit un précieux contrechamp à ses clichés, pris au fruit de ses pérégrinations urbaines, et à ses fameux autoportraits.

« Territoires refuges, 2025 » au château de Monbazillac

« Territoires refuges, 2025 », présentée par l’association Les Rives de l’Art, répond à une proposition de l’Agence culturelle Dordogne-Périgord de réaliser un projet de création photographique inspiré des ressources et de l’identité du territoire de la Dordogne. Pour mémoire, en 2012, le bassin de la Dordogne a été reconnu réserve mondiale de biosphère par l’Unesco pour la richesse de ses écosystèmes.

Pour refléter un aspect de l’identité départementale, Frédérique Bretin a choisi une nouvelle approche qui mêle travail de recherche et témoignage visuel sur la biodiversité caractérisant la vallée de la Dordogne. Dans son œuvre, la nature est toujours présente, à travers de vastes paysages où l’horizon représente un symbole tout particulier, mais où, déjà, l’homme est quasi absent.

« J’ai choisi d’observer le tiers paysage dans un environnement rural, un biotope essentiellement situé en bordure de la rivière Dordogne, au sud-est du département, détaille l’artiste. En ces lieux, où la nature vit, “re-vit” pour elle-même, résident les abris de la biodiversité. Milieux terrestres et aquatiques abritent des écosystèmes foisonnants, indispensables à la survie de toutes les espèces : végétale, animale, humaine. »

Le fruit de ces expéditions constitue un témoignage à la fois familier et méconnu, voire impénétrable. L’abandon des interventions humaines laisse la place à un heureux désordre, une jungle toute proche. Les eaux sont calmes, quelque peu dormantes, accueillantes aux mousses qui laissent néanmoins place à la transparence reflétant de nombreux végétaux. On trouve des ronces et des lierres familiers livrés à eux-mêmes, formant des tapis infranchissables ou s’appropriant les arbres dont ils transforment les silhouettes.

  • L’expo : « Territoires refuges, 2025 », Frédérique Bretin, présentée par l’association Les Rives de l’Art, jusqu’au dimanche 15 juin, château de Monbazillac, Monbazillac (24).

« Le temps du printemps » à l’Abbaye Saint-André – Centre d’art contemporain, à Meymac

Organisée dans le cadre du festival « Les Printemps de Haute-Corrèze », l’exposition collective du centre d’art contemporain de Meymac regroupe peintures, photographies et autres sculptures sur la thématique 2025 : « Printemps & Jardin ».

Le mot « printemps », étymologiquement issu du latin primus tempus soit « premier temps, début, commencement », suffit à convoquer une palette de couleurs douces, de tons chauds, de dégradés de verts, de motifs floraux et de scènes légères.

Comme une fenêtre qui s’ouvre sur une nature en ébullition, les œuvres traitant de ce thème portent en elles un élan vital, un souffle de vie, une douceur et un optimisme qui seront mis en avant à l’occasion de cette exposition.

Les visiteurs pourront ainsi retrouver les créations d’artistes tels que Cécile Beau, Francis Morandini ou encore Mathilde Troussard.

  • L’expo : « Le temps du printemps », jusqu’au dimanche 22 juin, Abbaye Saint-André – Centre d’art contemporain, Meymac (19).

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