En juin, les expositions à visiter en Nouvelle-Aquitaine sont nombreuses. Petit zoom sur quatre d’entre elles, entre histoire, art et découverte.

Le musée d’art contemporain de Rochechouart ouvre les portes du Grenier du Château

Inauguré en 1985 par le Département de la Haute-Vienne, l’établissement a constitué en 40 ans une collection remarquable qui compte aujourd’hui plus de 2 000 œuvres d’artistes d’envergure internationale, dont Le Grenier du château d’Annette Messager et Christian Boltanski.

Le Grenier du château a été créé durant l’été 1990, dans le cadre de l’exposition « Contes d’été ». Cette œuvre est issue de la seconde collaboration entre Christian Boltanski (1944-2021) et Annette Messager (née en 1943). Elle occupe l’ensemble du dernier étage du musée, se déployant sur une superficie de plus de 200 m² et se décomposant en 12 rangées de draps suspendus.

Sur ces draps, Annette Messager a épinglé des photographies miniatures en noir et blanc de fragments de corps et des dessins naïfs. Elle a brodé des mots comme « incertitudes » et « jalousie », peint avec du sang des figures fantomatiques et merveilleuses. Christian Boltanski, lui, a suspendu plusieurs vêtements et conçu la vitrine à l’entrée de l’exposition.

Selon les propos des artistes, cette œuvre poétique se veut avant tout une évocation des greniers d’antan où l’on suspendait le linge à sécher, et qui par ailleurs constituaient le terrain de jeu privilégié des enfants.

Au cœur d’un dédale de linges, le public est invité à accomplir un lent et sinueux parcours initiatique. Travée après travée, le déplacement dans ce qui devient un labyrinthe mouvant se révèle comme une traversée étrange, envoûtante, des étapes de la vie : du premier linge qui enveloppe le nourrisson au linceul qui recouvre la personne défunte, en passant par les draps du lit nuptial.

Pour compléter cet accrochage, le parcours s’achève sur la présentation d’une acquisition récente du musée, La Pudeur (2022). Réalisée par Gyan Panchal (né en 1973), cette œuvre, composée d’une manche à air, reflète l’intérêt de l’artiste pour les biens d’usage qu’il détourne et réinvestit d’une charge poétique. Sculpture ondulante à l’érection fugace, le dispositif s’élève à intervalle régulier pour révéler sa forme rose et soyeuse empreinte de sensualité.

« Le grenier du château », Christian Boltanski & Annette Messager, jusqu’au dimanche 31 août, Musée d’art contemporain de Rochechouart, Rochechouart (87).

L’histoire des femmes du Vanuatu raconter au muséum de La Rochelle

À travers une centaine de pièces, de photographies et de vidéos, cette exposition, présentée au Muséum de La Rochelle, retrace par une approche historique, ethnographique et artistique, le rôle des femmes du Vanuatu au cours de l’histoire.

Le Vanuatu, « pays qui se tient debout », archipel de 83 îles et îlots, est un état du Pacifique Sud, devenu indépendant en 1980, après avoir été découvert par les Européens au début du XVIIe siècle, puis colonisé par les Anglais et les Français au XIXe siècle.

Ce petit pays est à plus d’un titre inspirant, se distinguant par sa grande richesse culturelle, dont témoignent ses 130 langues et dialectes ainsi qu’un site archéologique et la pratique des dessins sur le sable, inscrits au patrimoine de l’UNESCO. D’une extrême vulnérabilité face aux aléas climatiques, il se montre résilient et mène une bataille internationale pour la justice climatique.

Les femmes y occupent une place singulière au sein des sociétés traditionnelles, dans les campagnes comme dans les villes. Leurs activités, moins visibles que celles des hommes, sont pourtant complémentaires. Toutefois, depuis une trentaine d’années, des scientifiques soulignent leur pouvoir dans la préservation de la coutume (kastom dans la langue nationale) et leur capacité d’adaptation face aux différents changements naturels, économiques et sociétaux. C’est ce que cette exposition inédite, qui rassemble des objets provenant de collections publiques et privées, propose d’illustrer.

  • « Vanuatu, pouvoirs de femmes », jusqu’au dimanche 21 septembre, muséum La Rochelle, La Rochelle (17).

Arc en rêve à Bordeaux présente les lieux d’apprentissages

À l’occasion de la construction, du nouveau bâtiment de l’école d’arts de Paris-Cergy, arc en rêve centre d’architecture bordeaux présente le travail de l’atelier RAUM dans le champ particulier de l’enseignement, de la production et de la diffusion artistique, autour de 7 réalisations de l’agence.

L’architecture ne fait pas pédagogie, pourtant l’espace physique peut être un outil puissant pour encourager de nouvelles formes d’éducation et de socialisation. Les architectes de l’agence nantaise RAUM en ont fait l’expérience. Depuis 2009, lors de la conception de différents types de lieux d’apprentissage – écoles primaires, d’art, de musique, de danse ou encore d’un espace aquatique municipal –, ils questionnent les dispositifs spatiaux et les conditions constructives nécessaires au partage des savoirs et à l’expérimentation.

Du 17 juin au 26 octobre, « Lutte des classes, architectures et situations d’apprentissage » présente leur travail dans le champ particulier de l’enseignement, de la production et de la diffusion artistique. Une sélection de maquettes, de fragments et de prototypes propose ainsi de lire l’architecture par les différentes relations qu’elle établit : avec les autres disciplines, le contexte, le climat et les ressources.

Dans cette démarche, les architectes perçoivent une double lutte. D’un côté, ils constatent le déplacement, de plus en plus marqué, des processus d’apprentissage en dehors des salles de classe traditionnelles. De l’autre, ils défendent une pratique engagée de l’architecture. Une posture d’autant plus courageuse dans un contexte contemporain où la subjectivité des avis semble avoir submergé tout espace critique. Y compris celui de l’architecture elle-même.

Conférence inaugurale mardi 17 juin, 18h30, en présence de Julien Perraud, Benjamin Boré et Thomas Durand.

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