Du 10 au 12 octobre, Gradignan célèbre les 20 ans de Lire en poche, son rendez-vous dédié au « petit » format. Lionel Destremau, commissaire général de la manifestation, nous en dit plus.

Quelle est l’origine de la manifestation ?

Lire en poche a connu une première existence liée à l’arrivée de la médiathèque de la ville de Gradignan. Pour anticiper la pose de la première pierre, en 2005, le maire souhaitait organiser un événement consacré au livre. Aussi avons-nous lancé un appel à projets, en collaboration avec l’IUT des métiers du livre. Et c’est ainsi que le projet a vu le jour.

Pourtant, les réticences autour du format étaient légion ! Il y a 20 ans, le poche était un peu méprisé, considéré comme un ouvrage de gare, donc créer un salon entièrement dédié à ce format n’était pas aisé, les auteurs n’ayant guère l’habitude de se déplacer pour parler de leur actualité dans ce format. Depuis, les choses ont favorablement évolué avec une montée en gamme, un succès du format doublé d’un vrai succès éditorial. Lire en poche a définitivement trouvé sa place dans le paysage.

Pourquoi ce choix de format ?

Car il est accessible à tous ! Son prix, sa production y compris sa fabrication en font l’ouvrage le moins élitiste. Il est devenu la vedette de toutes les bibliothèques, le favori des cadeaux. On ne le délaisse plus, on ne le maltraite plus car la qualité est notable. La variété des publications est en hausse constante alors que jadis seules les meilleures ventes connaissaient une seconde vie en poche.

Désormais, il existe une multitude de collections chez la majorité des maisons d’édition, et pas seulement les historiques consacrées à ce format. Son aspect populaire et transgénérationnel séduit plus que jamais.

En quelle mesure Lire en poche se distingue-t-elle des autres manifestations du genre ?

À ses débuts, elle était considérée comme un salon « standard », mais Lire en poche s’est développé sur 2 axes. Premièrement, le rapport au territoire et à la commune de Gradignan. Désormais, il s’agit d’un rendez-vous incontournable voire obligatoire, y compris pour les nouveaux habitants. Il existe une espèce de rapport affectif, nourri depuis 20 ans ; certains ont même grandi avec nous !

Deuxièmement, sa convivialité car le rendez-vous se déroule dans l’enceinte du parc de Mandavit, un espace naturel de la ville de Gradignan. On y vient pour partager un moment durant le week-end. Lire en poche est indéniablement devenu un événement culturel de la métropole bordelaise, inscrit dans l’agenda automnal.

Certes, nous nous plions aux règles d’un salon traditionnel, mais restons farouchement attachés à la voix des auteurs, à la rencontre avec le public. Enfin, nous développons un axe fort en direction du jeune public pour essayer de le fidéliser. Nous semons des graines car nous avons à cœur la volonté de transmission de la lecture. Il faut la renouveler plus que la développer et tenter aussi, modestement, de combattre l’hégémonie des écrans.

Pour célébrer cet anniversaire, vous avez choisi d’inviter parrains et marraines d’éditions précédentes. Lire en poche serait-il une histoire de famille ?

Il y a un peu de ça, indéniablement, certaines plumes voudraient même venir à chaque édition mais c’est hélas impossible… Les liens amicaux entre les auteurs et le public nourrissent depuis 20 ans la manifestation. La programmation de cette édition anniversaire reflète les moments forts ayant marqué notre histoire comme autant d’étapes dans l’évolution du salon. Salon ouvert à tous les publics et à tous les genres.

Vous annoncez une fréquentation moyenne de 30 000 visiteurs par an, des chiffres plus que flatteurs. Votre pari est-il largement gagnant ou souhaitez-vous viser la lune ?

Non ! Nous limitons volontairement le nombre d’invités à une centaine. À chaque édition, les salles sont pleines. Nous ne pouvons pousser les murs ni développer à outrance des structures extérieures. Si nous dépassions cette jauge, tout serait difficilement gérable. Nous souhaitons tout simplement maintenir la manifestation et la renouveler à la marge.

Il y a trop de contraintes à vouloir grossir. Nous menons à l’année un profond travail avec le tissu local, notamment scolaire. Voilà l’une de nos réflexions prioritaires. Nous ne souhaitons pas dénaturer Lire en poche, mais, au contraire, nous investir encore plus à l’année.

Évidemment, vous organisez une fête le dernier jour avec la venue de l’Elephant Brass Machine et du chorégraphe Chrysogone Diangouaya…

…il fallait bien marquer le coup et finir en beauté. C’est une première destinée avant toute chose au public. Une véritable fête pour les 20 ans, mais on reste raisonnable, il s’agit d’un petit écart.

Auriez-vous un souvenir marquant après toutes ces années ?

Ma rencontre avec l’écrivain américain Donald Ray Pollock, auteur rare que j’apprécie particulièrement. J’assurais la modération et je suis tombé face à un mur, un homme pince-sans-rire, plutôt mutique, et, paradoxalement, cela correspondait à l’humeur de ses personnages, or, je ne m’y attendais pas !

En résumé, toujours prendre ses distances comme lecteur entre l’auteur et son œuvre. Ne jamais présager de rien car on risque d’aller au-devant de sacrées surprises. Néanmoins, j’ai adoré cette rencontre.

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

Lire en poche,
du vendredi 10 au dimanche 12 octobre,
Gradignan (33).