Effervescence de gaudriole en mai en Nouvelle-Aquitaine. La démonstration par quatre avec Constance, Léopold Lemarchand, le Comte de Bouderbala et Tania Dutel.
En ce mai chargé, commençons cette recension avec un homme simple : le Comte de Bouderbala. Après deux spectacles au succès indéniable, Sami Ameziane, pour l’état civil, revient sur scène avec son troisième opus fort logiquement baptisé, 3, les bons com(p)tes font les bons amis.
Polyglotte, il parle six langues, Son Altesse sait aussi très bien manier celle de l’humour par une écriture fine qui lui permet de décortiquer avec malice pour le plus grand bonheur du public des thématiques sociétales variées, allant du rap aux faits divers les plus sordides.
Pour ce troisième show, celui qui a failli mener une carrière professionnelle de basketteur ajoute un peu de piquant à sa vision du monde ainsi qu’à ses engagements personnels. De fait, le spectacle est conseillé seulement à partir de 15 ans. Soutenu à son départ dans le stand-up par son ami Fabien Marsaud, plus connu sous le nom de Grand Corps Malade, le Comte joue des mots et des préjugés avec un talent à ne pas louper.
Les premiers pas de Léopold Lemarchand
Certaines premières fois comptent plus que d’autres, des moments où il faut affronter l’inconnu pour le meilleur ou pour le pire… Une prise de risque qui semble réussir à Léopold Lemarchand qui s’essaye d’année en année à de nouveaux médiums avec toujours le même objectif : faire rire.
Originaire de Caen, le désormais trentenaire s’est fait connaître en premier lieu grâce à ces sketches à l’absurde assumé qu’il diffuse sur YouTube™. Il a d’ailleurs adapté en bande dessinée un de ces personnages récurrents, Gérald, le type qui prenait tout au premier degré avec la complicité de Mister Box pour les illustrations.
Scénariste, quelquefois comédien, c’est surtout dans le stand-up qu’il a voulu s’engager au maximum. À force de passages dans les comedy clubs et de rodages, il présente aujourd’hui son Premier spectacle. Or, de quoi parle ce seul-en-scène de 80 minutes co-écrit avec Cyril Hives et mis en scène par Nicolas Vital ? Réponse de l’intéressé : « Je parle de la mort, d’un chihuahua, ou encore de ma grand-mère. Un seul des deux survit à la fin du spectacle, mais il faut venir le voir pour savoir qui (le chien va bien). » Le suspense est à son comble !
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L’art de l’Inconstance
Du mystère, il y en a malheureusement eu dans la carrière publique de Constance. Il lui est arrivé de disparaître soudainement des radars médiatiques. « Burn-out » a-t-on dit pudiquement avant que l’intéressée ne finisse par s’exprimer publiquement sur le sujet et même en fasse un brillant spectacle : Inconstance.
Elle y raconte donc que, comme un million de personnes, elle souffre de bipolarité. Une maladie mentale terrible surtout si on ignore qu’on en est atteint ou qu’on ne souhaite pas être aidé pour se stabiliser. Aujourd’hui, Constance Pittard va mieux et le prouve à chaque fois qu’elle monte sur scène en proposant son magnifique spectacle co-écrit avec Pascal Duclermortier et mis en scène par Éric Chantelauze.
Cette pensionnaire emblématique de l’émission On ne demande qu’à en rire raconte à travers les personnages qu’elle incarne comment tout a éclaté, la profonde dépression qu’elle a traversée et comment elle a dû petit à petit réapprendre à vivre. Un exercice ardu surtout quand il s’agit de faire rire avec ce tragique.
Plébiscitée par la critique et les spectateurs, elle semble avoir relevé le défi haut la main. Il faut dire qu’elle a travaillé le rôle, parfois un peu trop. « Quand on commence à appeler les pompiers par leur prénom, c’est que l’on est allé au bout du comique de répétition », explique-t-elle par exemple sur scène.
La nouvelle Tania Dutel
Pour finir, impossible de ne pas déborder et prendre de l’avance en annonçant le passage de la talentueuse Tania Dutel au Republic Corner, à Poitiers. Celle qui officie depuis deux ans en tant que chroniqueuse au sein de l’émission Zoom Zoom Zen sur France Inter y présentera son troisième spectacle.
Un retour sur scène mais pour dire quoi ? « En toute transparence, je vais te parler de mes peurs, de mon corps, et de ces trucs qu’on aurait dû m’expliquer plus tôt. Et puis, il y a cette histoire d’écureuil. Oui, il fallait que je te la raconte. Je préfère ne pas en dire trop… », détaille la jeune femme dans ses lignes de présentation.
Pour ce faire, humour noir, sens de la formule et de l’autodérision sont au programme. Et il sera aussi question de sexe, sujet récurrent qu’elle aborde avec drôlerie et sans tabou depuis ses débuts en 2016. Pour cette raison, le spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans, et à ceux de plus de 16 ans qui voudraient venir avec leurs parents alors qu’il y a au départ dans la famille « un manque de communication ». Au moins vous êtes prévenus.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
Le Comte de Bouderbala, 3,
samedi 10 mai, 18h et 20h,
CitéCirque, Bègles (33).
Léopold Lemarchand, Premier spectacle,
mercredi 14 mai, 20h,
Le Petit Bijou, Biarritz (64).
jeudi 5 juin, 21h,
Le Comédie, La Rochelle (17).
Constance, Inconstance,
samedi 24 mai, 20h30,
Théâtre Femina, Bordeaux (33).
Tania Dutel, nouveau spectacle,
vendredi 6 juin, 20h,
Espace Republic Corner, Poitiers (86).