À la faveur des 30 ans de la collection d’art contemporain de la Société Générale, une sélection d’œuvres, issues de l’exposition réalisée par la commissaire Lauranne Germond, fait halte au château Latour-Martillac, en Gironde, puis à la Chapelle des Dames blanches, à La Rochelle.

« Les ressources de la nature ont une valeur, leur destruction un coût, mais, pour autant, la nature a-t-elle un prix ? » Cofondatrice et directrice de l’association COAL [Coalition pour une écologie culturelle, NDLA], Lauranne Germond a puisé à la source, reprenant à son compte le paradoxe de l’eau et du diamant d’Adam Smith — illustration de la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange — pour nourrir son commissariat.

Inaugurée en 2023, au siège de la Société Générale, dans le quartier de La Défense, « L’eau et le diamant » explore le fonds d’art contemporain, riche de 1 800 œuvres, de l’établissement. Célébrant ses 30 ans en 2025, mêlant arts graphiques, dessins, peintures, photographies et sculptures, il compte, notamment, Barry Flanagan, David Hockney, Pierre Soulages, Bernar Venet, Marc Riboud, Andy Warhol ou Laurent Grasso. Collaborateurs, grand public, partenaires, clients, scolaires ou étudiants peuvent le découvrir via accrochages, ateliers artistiques, partenariats, prêts ou expositions hors les murs…

La thématique retenue, en pleine année de la mer, fait également écho aux engagements en faveur de la transition écologique portée par la banque. Sensibilité partagée par l’Académie du vin de Bordeaux, partenaire de SG Sud-Ouest, qui a permis cette première halte néo-aquitaine au château Latour-Martillac ; Grand Cru classé des Graves, dont l’engagement environnemental a été sanctionné, en 2020, par l’obtention de la certification Haute Valeur Environnementale de niveau 3, dans le cadre du Système de Management Environnemental. Une alliance vertueuse au service de l’art, lui-même, en phase avec les nécessaires changements de société.

Nature vivante

Inspirée par La Troisième Voie du vivant (2022, Odile Jacob) d’Olivier Hamant, biologiste et directeur de l’Institut Michel-Serres, « L’eau et le diamant » présente une douzaine d’œuvres, du vétéran du land art Nils Udo au régional de l’étape Louis Granet. Les fleurs de Sans titre (2017), si majestueuses soient-elles, sont-elles symbole du vivant, allégorie de la vanité, ou illustration de la crise de la tulipe, au milieu du XVIIe siècle, première bulle spéculative du capitalisme ? Au passage, rappelons que les fleurs représentent 75% du vivant…

Plus grinçant, Espectadors (2006) d’Aleix Plademunt illustre les ravages sciemment commis au nom du profit sur le paysage : des sièges scrupuleusement ordonnés invitent le public à contempler l’ampleur du désastre. Voire à constater l’inéluctable, à la manière de Vivan Sundaram avec ses hypnotiques déchets, Metal Box (2008). Et quitte à plonger à corps perdu dans l’absurde, autant le faire avec une certaine mise en scène cynique — librement inspiré par Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrichcomme Jordi Colomer avec Le Sac rose (2008).

Heureusement, Barthélémy Toguo, Metamorphosis at Dawn (2009), Bae Bien-U, snm5a-011h (2014), ou Thibaut Cuisset (1958-2017), Îles Lavezzi, Corse (1995) conviennent à l’admiration de l’admirable. Indice, il n’y figure aucune présence humaine.
Marc A. Bertin

Informations pratiques

« L’eau et le diamant »,
Jusqu’au dimanche 21 septembre,
Château Latour-Martillac, Martillac (33).

Du vendredi 3 octobre au lundi 15 décembre,
Vernissage le 2/10,
La Chapelle des Dames blanches,
La Rochelle (17).

collection.societegenerale.com