Le frénétique performeur et metteur en scène bordelais Renaud Cojo invite musiciennes et musiciens à se raconter à travers l’album de leur vie. Croisant théâtre, documentaire et concert, accordant intime et collectif, cette nouvelle création, « While my guitar gently weeps » qui pique la curiosité, tourne à La Rochelle, Poitiers et Cenon.

Il y a quelques mois, on avait quitté Renaud Cojo en fan fasciné par la chanteuse Dua Lipa dans son spectacle Et Dua Lipa a fait ça #moiaussii. Une vénération équivalente à celle vouée à Bowie, dont il explorait la figure double, entre autres avec Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust (2009). Deux spectacles phares qui disent beaucoup du rapport profondément intime que Cojo entretient avec la musique, qu’il ne cesse d’ausculter.

Mais celui qui secoue la scène locale autant que nationale depuis les années 1990 sait parfaitement conjuguer l’intime et le collectif, aimant à citer Kundera selon qui « la musique ouvre des portes par là où l’âme peut sortir pour fraterniser ».. C’est d’après cette vérité générale que l’artiste élabore depuis 2019 le projet participatif Passion Disque/3300 Tours, par lequel il interroge des individus sur l’album qui jalonne leur vie. While My Guitar Gently weeps en est une variante. 

Une pièce en deux temps

Alors que la version initiale faisait parler des anonymes, ce sont cette fois-ci huit musiciens et musiciennes que Renaud Cojo soumet à cette question quasi existentielle : Françoiz Breut, Jil Caplan, Barbara Carlotti, Bastien Lallemant, Lescop, Emily Loizeau, Mathias Malzieu, J.P. Nataf et Fredrika Stahl.

Le principe reste identique : chacun déploie un récit de sa vie à partir d’un album l’ayant marqué. Comme si la musique était non seulement la bande-son d’une existence, mais encore ce qui la sculpte. Et comme si parler d’un disque, c’était actionner le bouton play des souvenirs qui défilent, qui lui sont liés de près ou de loin.

Stimulant défi pour cet aréopage qui, habituellement, a sur scène sa propre musique pour langage. Ici, les confessions, racontées sans artifices, et à tour de rôle, deviennent une manière originale, pour nous public, de rencontrer les artistes autrement. Et leur mémoire singulière peut alors faire écho avec la nôtre, soit par un album qu’on aurait en commun dans notre panthéon affectif, soit parce qu’on se reconnaît dans un fragment de leur biographie.

Ovni scénique

En vrac, et pour ne pas tout vous dévoiler, voici quelques noms distillés : David Bowie, Leonard Bernstein, Georges Brassens, Fiona Apple ou encore The Cure… On en parlera, mais on les entendra aussi ! Car, en guise de prolongement sonore à chaque parole, la diffusion d’une chanson emblématique de « l’album-de-vie » vient ponctuer le déroulement de cette première partie.

Le second temps de cet ovni scénique est, lui, purement musical. Tous les interprètes reprennent live les titres évoqués et/ou diffusés en amont, accompagnés par un groupe d’instrumentistes créé pour l’occasion, composé de Zacharie Boisseau, Valérie Leclercq, Astrid Rad et Mocke Depret. Par ce grand concert festif et rassembleur, peut-être alors entendrons-nous ces chansons d’une oreille différente. Car, en tête, résonnera encore ce que ces conteurs et conteuses d’un soir auront partagé à leur sujet…

Hanna Laborde

Informations pratiques

While My Guitar Gently WeepsOuvre le chien
Conception et mise en scène Renaud Cojo
Direction musicale Mocke Depret

mardi 9 décembre, 20h,
La Sirène, La Rochelle (17).

jeudi 15 janvier 2026, 19h30,
TAP, Poitiers (86).

vendredi 16 janvier 2026, 20h30,
Le Rocher de Palmer, Cenon (33).