Plus ancienne île de l’estuaire de la Gironde, l’île de Patiras, à quelques encablures de la citadelle de Blaye, fait assurément rimer gourmandise et dépaysement avec maintenant le Refuge de Patiras.
L’expérience débute à mesure que s’éloigne la terre ferme. Les départs se font de Blaye (45 minutes de navigation) ou Pauillac (15 min) en fin de matinée. Le temps de se déconnecter à la civilisation et nous voici amarrés à un long ponton surplombé par l’emblématique phare. Construit sous Napoléon, en 1810, il fut un précieux repère pour les marins pendant plus de 140 ans.
Aujourd’hui, ce sont les estomacs affamés qu’il guide vers le refuge de patiras. Arrivé à bon port, cocktail de bienvenue (gin, citron et romarin du jardin) à la main, nous déambulons dans le théâtre de verdure, salle de restaurant à ciel ouvert. En cas de météo capricieuse, l’ancienne maison du gardien, réhabilitée version contemporaine par les architectes Virginie Gravière et Olivier Martin, accueille les visiteurs pour se restaurer en intérieur.
- A lire aussi : Cordouan, un « Château-phare » en pleine lumière
Menu en 4 temps
En cuisine, c’est la cheffe Violette Sart qui officie pour sa deuxième saison. Connue pour avoir régalé les Bordelais dans le quartier Saint-Michel pendant quatre ans (avec son restaurant Mimosa), elle dirige à présent sa brigade insulaire pour élaborer un menu en 4 temps qui change tous les mois. Pour s’inspirer et cuisiner, elle cueille directement herbes et fruits parmi les variétés sauvages de l’île. Sureau, mélisse, romarin, prunes, mûres, figues, coings et poires se retrouvent donc dans l’assiette tout comme les poissons et crustacés, pêchés dans l’estuaire.
C’est ainsi qu’en guise de mise en bouche la célèbre star locale — la petite crevette blanche — se retrouve sublimée dans un accra, servi avec une sauce aigre-douce maison. En plat, un pavé de mulet rôti au beurre de sauge s’accommode d’un mille-feuilles de pomme de terre, mayonnaise à l’ail des ours, chips de speck et asperges blanches du coin (en provenance d’Anglade).
Desserts gourmands
Le menu enfant n’y perd pas au change : crudités et sauce yaourt aux herbes, filet de poulet pané de haut vol, délicieuses frites et ketchup maison, et touche finale, un gâteau marbré chantilly. Vite avalé, les enfants peuvent jouer en toute liberté dans l’herbe pendant que les parents dégustent un assortiment de desserts tous plus gourmands les uns que les autres, en format miniature, comme cette compotée de rhubarbe à l’orange, granité aux fraises et à la mélisse du jardin.
En guise de promenade digestive, 133 marches vous mèneront au sommet du monde… enfin du phare, mais c’est déjà pas mal pour une personne à l’estomac bien plein. On déguste à présent la vue, cheveux au vent, observant les oiseaux avant de regagner avec nostalgie la terre ferme. Plus de doute : il y a bien une île sur laquelle on voudrait rester, coupé du monde, à déguster les petits plats de la cheffe. Et maintenant, vous savez laquelle.
Pauline Lévignat
Informations pratiques
Le Refuge de Patiras