Cet automne, à l’issue d’une résidence de trois mois, le centre d’art contemporain de Thouars expose  » après la peau » de la Franco-Iranienne Golnaz Payani dont le travail, entre faire et défaire, explore l’impermanence.

Née en Iran durant la guerre avec l’Irak, Golnaz Payani a grandi dans un contexte d’après-conflit d’où émergent les questionnements qui nourrissent sa démarche. Marquée par les disparitions, mais aussi par le retour de soldats qui ressurgissent après des années alors que des tombes portaient leurs noms, elle explore ce qui reste, ce qui résiste, l’après.

Symbolique religieuse

Le corps, d’abord : celui qui revient, celui qui est dissimulé sous le voile obligatoire — seconde peau imposée —, celui des figures symboliques. Formée à la peinture à Téhéran, l’artiste a opéré, lors de son arrivée à l’école d’art de Clermont-Ferrand, un virage esthétique : la disparition (l’effacement ? pour éviter répétition) de l’image, traduite notamment par le long travail de détissage de toiles de coton.

Dans le centre d’art, une ancienne chapelle, sa recherche trouve un écho. La symbolique affleure : naissance miraculeuse, résurrection, corps saints des cryptes, suaire. Sur les vitraux, les silhouettes hiératiques sont drapées de longues étoffes ne révélant que les mains et les pieds.

L’exposition « Après la peau » est un dialogue. Des installations de textile teint à l’oxyde de fer dessinent une présence à la fois éthérée et incarnée. Détissée, avec l’aide de bénévoles d’un atelier de tissage, la toile se mue en lignes fluides de couleur sang. Au sol, des moulages de pieds et de mains pratiqués sur les résidents d’un Ehpad, des corps à la marge du visible. Dans la crypte, les fils précédemment ôtés sont finement retissés de manière translucide, telle une renaissance.

Hélène Dantic

Informations pratiques

« Après la peau »,Golnaz Payani,
jusqu’au dimanche 4 janvier 2026,
Centre d’art contemporain La Chapelle Jeanne d’Arc, Thouars (79).