Si le genre des « conférences-spectacles » foisonne sur les scènes théâtrales, Hortense Belhôte a son style bien à elle, alliant son érudition d’historienne de l’art avec un ton volontiers impertinent et drôle. Elle le démontre encore avec ce cours d’histoire(s) sur l’année 1664, symbolique à bien des égards. À s’en délecter à Angoulême.
Peut-être avez-vous déjà binge-watché sa websérie sur Arte, « Merci de ne pas toucher », celle où Hortense Belhôte revisite les chefs-d’œuvre picturaux de son œil décapant, féministe et queer.
Sur les planches, cette ex-prof est aussi maîtresse dans l’art de la « conférence spectaculaire », avec des ingrédients imparables : son vidéoprojecteur, son énergie scénique sans faille, et son savant mélange de références théoriques, de culture pop et de confessions autobiographiques. Et 1664 ne déroge pas à la règle.
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1664 ou Kronenbourg ?
1664, comme la bière pensez-vous ? Vous avez raison. Parce qu’on parlera de la création de la brasserie Kronenbourg. Mais cette année-là compte de nombreux autres remous, esthétiques autant que politiques, dont les échos perdurent aujourd’hui. C’est la naissance du colonialisme avec la Compagnie des Indes, la virée à l’absolutisme de Louis XIV, la mise sous cloche académique des arts… Un véritable renversement s’opère, en somme, d’une époque jusque-là débridée à une époque verrouillée.
Pour refaire couler à flots la liesse d’avant ce tour de vis, la comédienne aux multiples talents nous emmène virtuellement au château de Vaux-le-Vicomte, lieu où tous les arts festoyaient alors sans limites (sur du Cindy Lauper !), et auquel elle a consacré son mémoire de master. L’occasion de plonger dans le souvenir de ses années d’étudiante, aux prises avec ses propres addictions…
Après ce 1664 intime et politiquebrassé par Belhôte, on ressort avec une passion pour le baroque, des connaissances supplémentaires, et les idées claires. Encore mieux qu’une mousse.
Hanna Laborde
Informations pratiques
1664, écriture, mise en scène et interprétation, Hortense Belhôte,
du mercredi 19 au vendredi 21 novembre, 19h,
Théâtre d’Angoulême, Angoulême (16).
Soirée « Versailles en folie » au bar du théâtre à l’issue du spectacle,
vendredi 21 novembre.