Le 10 juin 2025, le gouvernement a annoncé la création d’un groupe de travail afin de revoir la réglementation du niveau sonore dans les festivals. Un point épineux qui peut couter une fermeture à une manifestation musicale. 

« Notre festival se passe dans un champ [à Vertheuil(33). NDLR]. C’est inoccupé, à l’année il n’y a pas de bruit, donc il suffit de faire venir un camion ou de claquer une porte pour dépasser les 3 décibels. C’est pas faisable. » Si Fred Lachaize, le directeur du festival Sunska, qui tiendra sa prochaine du 1 au 3 août prochain, s’inquiète de claquer une porte, c’est pour ne pas fermer celle de son festival. En effet, depuis 2017, l’émergence globale, soit la différence entre le bruit généré par l’activité d’un concert ou d’un festival et le bruit habituel de son lieu, est régulée par un décret.

Les festivals en plein air doivent donc s’assurer de ne pas dépasser 3 décibels de plus que le bruit, en moyenne, du lieu sur lequel ils se situent, sous peine de recevoir une amende, se faire confisquer le matériel ou être carrément interdit. Une menace qui touche de nombreux festivals en Nouvelle-Aquitaine comme sur le reste du territoire. 

Ce décret de 2017 est jugé « inapplicable » par certains professionnels du secteur qui s’en sont plaints et ne souhaitent surtout pas se retrouver en situation irrégulière et encore moins risquer la fermeture. Voulu par le gouvernement pour protéger les oreilles des riverains, cette législation a déjà fait bouger quelques lignes dans les raouts musicaux. Ainsi pour réduire la gêne sonore, plusieurs pratiques tendent à se généraliser, de la mise en place de murs de son à la prise en compte de la résonance acoustique ou de la distance avec les habitations

Être à l’écoute des habitants

L’association AGI-SON, représentante de nombreux syndicats du secteur, affirme même que le matériel est désormais optimisé pour diminuer la pollution sonore. L’association s’engage aussi dans la communication avec les riverains : « s’implanter sur un territoire, c’est aussi faire un dialogue avec le voisinage, afin de connaître l’environnement et la gêne potentielle et comment résoudre au maximum les problèmes des riverains » confie Angélique Duchemin, directrice d’AGI-SON

Pour mieux s’adapter à la réalité, le gouvernement a donc décidé de mettre en place, le mardi 10 juin 2025, un groupe de travail interministériel, s’inscrivant dans la continuité de ce travail. Son objectif : trouver des propositions d’alternatives concrètement applicables. Ce dernier est composé du Ministère de la culture, du Ministère de la santé et du Ministère de la transition écologique, avec le soutien de l’association AGI-SON, de techniciens sons et acousticiens ainsi que des agents en charge de contrôler l’émergence globale,

La première phase de travail, débutée en juin, sert surtout à faire un point sur la situation. La seconde aura lieu à partir de septembre, et durera jusqu’au 31 octobre, afin que les différents parties s’entendent sur des solutions de texte à proposer, devant le Conseil d’Etat : « on espère trouver une solution applicable dès 2026, afin de pouvoir passer la saison prochaine plus sereinement » avoue Angélique Duchemin. Affaire à suivre…
Ismaël Boisard