« C’est quoi le plan B ? » Jusqu’au 31 octobre, le centre d’art contemporain d’Anglet accueille les œuvres bariolées et recyclées de Gérard Deschamps.

L’espace d’exposition donne l’impression de pénétrer dans une maison dont les derniers occupants viendraient de quitter les lieux, chaleureuse, mais la cheminée qui fait face au visiteur, dès son entrée, n’en est pourtant pas la responsable puisque sans surprise éteinte en cette saison. Si son foyer est occupé, c’est par une mallette transparente remplie de jouets qui ne peuvent qu’évoquer l’enfance. Inscrit en lettres capitales sur les murs qui jouxtent l’escalier menant à l’étage — de ce point de vue du moins —, le terme « rêve » donne le ton .

À cheval entre les deux sites du Centre d’art contemporain d’Anglet, « C’est quoi le plan B ? » offre une nouvelle existence à des objets voués à être abandonnés en les transformant en pièces d’art.

Surprenant et amusant mélange des genres

Au rez-de-chaussée de la Villa Beatrix Enea, par laquelle il est conseillé de débuter si l’on souhaite suivre un parcours chronologique, deux créations réalisées cette année par le plasticien de 87 ans côtoient une sélection de pièces des années 1960 jusqu’aujourd’hui issues de deux collections privées.

À une tapette à souris emprisonnant des sous-vêtements féminins intitulée Garçonne Nitouche, se mêlent  Binôme et Ne me Kite pas !, réalisées avec des planches de surf et une aile de kitesurf, des sculptures en ballons, des assemblages de skateboards ou encore des tôles militaires polies. Un mélange des genres aussi surprenant qu’amusant.

Sans chercher à diffuser volontairement une parole donnée, les installations ludiques de Gérard Deschamps laissent libre cours à l’imagination, permettant à chacun d’y entrevoir le message que son inspiration lui soufflerait. L’artiste, qui s’inscrit dans l’emblématique courant des années 1960 du Nouveau Réalisme, a évolué tout au long de sa carrière en communion avec sa propre époque. À partir d’objets du quotidien usagés, recyclés, préalablement modifiés et portant les traces d’une dégradation, il réalise un corpus dans l’optique d’incarner le réel et la consommation.

Création éphémère

Ses travaux les plus anciens s’articulent autour de trois thématiques : chiffons et tissus, guerre, et panoplies. Lorsqu’il commence sa carrière, le Lyonnais réutilise des textiles tels que des slips, des corsets ou des soutiens-gorge. Débarrassés du scandale qu’ils ont suscité à leur époque, se trouvent à leurs côtés pour cette occasion des œuvres confectionnées à partir de de chiffons japonais ou encore de toiles de matelas belges.

Issues d’une toute autre inspiration, plaques de blindage criblées de balles, tôles froissées irisées et bâches de signalisation de l’armée américaine lui ont pour leur part été inspirées par deux ans passés sous les drapeaux en Algérie.

La galerie Pompidou, elle, accueille entre ses murs une Pneumostructure, fruit de l’assemblage de plus d’une centaine de structures gonflables, récupérées sur des plages, et conçue spécifiquement pour le lieu. Une création éphémère dont les bouées, matelas et autres objets qui la composent seront offerts à des crèches, écoles et associations de la ville, une fois son jour venu.

Flora Étienne

Informations pratiques

« C’est quoi le plan B ? », Gérard Deschamps,
jusqu’au vendredi 31 octobre,
Centre d’art contemporain d’Anglet, Anglet (64).