Daniel Buren inaugure la nouvelle galerie Georges-Pompidou à Anglet jusqu’au 14 octobre par une œuvre globale, en phase avec les caractéristiques du site et dans un jeu de couleurs, de transparences et de lumières.

Daniel Buren explore, avec une richesse et une diversité sans cesse renouvelées, les relations entre l’art et son contexte d’exposition, nouvelle preuve à la galerie Georges-Pompidou à Anglet jusqu’au 14 octobre. En 1965, il met au point la base de son vocabulaire à partir des fameuses bandes verticales alternées blanches et colorées de 8,7 cm de largeur.

Cet « outil visuel » lui offre la possibilité d’élargir son champ d’investigation dans des directions inédites, avec une surprenante souplesse et une efficacité jamais démentie. Il ouvre à une multiplicité de supports et au passage de la surface plane à la troisième dimension.

Des œuvres qui interrogent le lieu qui les accueille

Ses œuvres interrogent ainsi le lieu qui les accueille et pour lequel elles sont conçues, d’abord la rue, puis la galerie, le musée, le paysage ou l’architecture, ce qui lui permet d’inventer le terme « travail in situ ». Ses interventions in situ jouent sur les regards, les espaces, les couleurs, les circulations, les atmosphères et les sons. Assumant ainsi leur pouvoir décoratif et leur interrogation radicale des lieux. Partant des ressources diverses produites par une telle pratique, cet artiste mène une réflexion sur la peinture, sur ses modes de présentation et, plus largement, sur la dimension physique et sociale dans laquelle il intervient.

Dès les années 1970, Daniel Buren intègre la lumière, naturelle ou électrique, dans ses travaux comme élément déterminant pour la perception mais aussi comme qualité insaisissable et indescriptible qui participe à une constante transformation de l’œuvre et de la particularité de son inscription. Il utilise des matériaux réfléchissants, translucides ou transparents, les superpositions chromatiques, les ombres et les valeurs lumineuses des formes.

Daniel Buren pour inaugurer la galerie Georges-Pompidou

Cette démarche l’amène en 2006, dans le cadre de Lille 3000 – Futurotextiles, à collaborer avec Brochier Technologies, pour un prototype associant des faisceaux de fibres optiques avec des sources de lumière (LED). Il continue ensuite l’exploration de ce domaine mêlant matière et lumière dans la conception de grandes expositions à Chemnitz (Allemagne), Gwangju (Corée du Sud), Bergame (Italie) ou sur le lac d’Iseo en Lombardie.

À l’occasion de l’ouverture du nouveau bâtiment de la galerie Georges-Pompidou, face à la Villa Beatrix Enea, Lydia Scappini, commissaire de l’exposition, a invité Daniel Buren à inaugurer cet espace. L’artiste a répondu à cette proposition par des travaux in situ (des filtres colorés appliqués sur les deux façades vitrées). Mais aussi des travaux qualifiés de situés, c’est-à-dire déplaçables dans d’autres espaces selon des règles définies (des œuvres en fibres optiques tissées, sérigraphiées, disposées en damier sur les murs).

Multiplication des points de vue

Cet ensemble intitulé « Lumière naturelle versus Lumière électrique, travaux in situ versus travaux situés » déploie toute l’ampleur et la singularité d’une pensée qui reprend continuellement force et vie, avec fermeté et obstination, bienveillance et inventivité, au plus vif d’un questionnement toujours aussi incisif.

Formes géométriques, quadrillages, bandes verticales, couleurs agencées selon l’ordre alphabétique du pays dans lequel elles sont présentées, infinis dialogues sensoriels, Daniel Buren occupe l’espace. Il multiplie les points de vue, prépare à toutes les incursions possibles et imaginables, donne envie au visiteur de parcourir cette pluralité de sollicitations « avec son corps, avec ses yeux et avec son esprit ».

Surprendre en distribuant les mêmes cartes

Dans cette architecture épurée, le désir d’équilibre apparaît comme un vœu de fluidité. Daniel Buren accompagne ce désir et l’amène vers une incandescence où l’imaginaire le plus pur se mêle à la réalité la plus concrète. Unité et pluralité, continuité et discontinuité se lient donc, se traversent et se font passer étrangement les unes dans les autres leurs instances constitutives. Lumières, couleurs et matières à la fois s’unissent et s’éparpillent en répondant aux sollicitations les plus variées.

Elles ont ainsi un caractère féerique qui aiguise le regard et l’entraîne dans la clarté irradiante des miroitements et des transparences. L’espace devient une proposition sensible. Il ne concentre en lui cette effervescence d’effets que pour mieux la diviser, la faire éclater en composantes colorées. L’invisible se superpose au visible, et le visible transparaît sous l’invisible. Les sensations fusent de toutes parts.

Encore une fois, Daniel Buren surprend tout en persistant à distribuer les mêmes cartes, parce qu’il sait stimuler son jeu pour en prolonger les élans et les secousses, les enjeux et les audaces.

Didier Arnaudet

Informations pratiques

« Lumière naturelle versus Lumière électrique, travaux in situ versus travaux situés », Daniel Buren,
jusqu’au samedi 14 octobre,
galerie Georges-Pompidou, Anglet (64)

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