Du 25 mai 2023 au 7 janvier 2024, l’exposition « L’art préhistorique, de l’Atlantique à la Méditerranée » prend ses quartiers au Musée d’Aquitaine à Bordeaux. Un événement d’envergure qui revient avec minutie et pédagogie sur une période artistique aussi vaste que méconnue.

Si la machine à remonter le temps n’existe pas encore, le musée d’Aquitaine vient d’ouvrir les portes de ce qui s’en rapproche le plus actuellement. La vénérable institution dévoile à partir de ce jeudi 25 mai une exposition temporaire proposant un retour plus de 40 000 ans en arrière.

Baptisée « L’art préhistorique de l’Atlantique à la Méditerranée », elle promet une découverte des multiples formes d’art disséminés par l’Homo Sapiens pendant 30 000 ans sur une aire géographique comprenant le Sud de la France ainsi que le Nord de l’Espagne et du Portugal. Vaste programme qui restera disponible jusqu’au 7 janvier 2024.

L’Homo Sapiens a le monopole de l’art

Pour se repérer, pas besoin de s’agripper fébrilement à une carte en espérant que la fonction boussole de son téléphone continue à donner le Nord. La scénographie se veut didactique. Posons donc les bases. Dans l’art préhistorique, la vedette, c’est l’ « homme moderne » — Homo Sapiens — dont les premières traces en Europe remontent à 45 000 ans.

 « Chez l’Homme de Néandertal, on retrouve ce qui est lié à l’esthétique, le sentiment du beau alors qu’avec l’Homo Sapiens, il y a une dimension supplémentaire. Celle de la réalisation d’images, de dessins », explique Vincent Mistrot, commissaire de l’exposition, et attaché principal de conservation au musée d’Aquitaine.

Gravures sur toutes sortes de matériaux, dessins rupestres, sculptures… Les exemples de cette fibre artistique foisonnent dans ce copieux parcours réparti sur deux étages. Au total, près de 400 originaux et 150 moulages sont rassemblés, la plupart en prêt en provenance de nombreux musées en France, en Espagne et au Portugal.

L’art préhistorique : un travail d’orfèvre avant l’heure

Les immanquables de l’art préhistorique sont là avec les peintures murales d’animaux grandement popularisés par la médiatisation de grottes comme celle de Lascaux ou celle de Chauvet. Deux salles sont consacrées à cette thématique de l’histoire de la découverte de ces lieux à leur sauvegarde aujourd’hui. Le parcours ludique dédié aux enfants permet de passer aux travaux pratiques en affichant son dessin sur un mur de caverne factice. 

Reste ensuite à ouvrir grand les yeux pour comprendre les conditions d’exercice de cet art et la minutie du travail de ces artistes forcément anonymes. Du travail d’orfèvre avant l’heure avec le silex comme seul outil.

Durant ce voyage à travers le temps, il faudra rester attentif pour essayer de débusquer les intrus. En effet, pas besoin d’attendre l’essor de l’intelligence artificielle pour voir la fabrique de faux pulluler. A partir du XIXe siècle, des objets fallacieux vont être produits et vendus au plus offrant comme des originaux. Il est possible de les repérer aujourd’hui grâce aux technologies modernes. Elles révèlent, par exemple, l’utilisation du métal ­— matériel inexistant à l’époque — dans la fabrication de ces artefacts.

La musique dans la peau version préhistorique

Sur les supports les plus divers, un imaginaire revient fréquemment. Ce n’est pas l’homme, très peu présent, mais le bestiaire animalier. Chevaux, bisons, cervidés… la faune est foisonnante. Et prend même forme, en taille réelle, au milieu de l’exposition avec des spécimens naturalisés prêtés par le Museum de Bordeaux.

Certaines de ces œuvres d’arts ont des fonctions comme les dents de loups qui deviennent objets de parures. Autre exemple, les phalanges de rennes qui, une fois sculptées, sont reconvertis en sifflets. Musique encore avec un objet exceptionnel, la conque dite de « Marsoulas », endroit où elle a été découverte en Haute-Garonne. Ce volumineux coquillage d’environ 18 000 ans a été scié et perforé pour pouvoir jouer 3 notes différentes.

De l’émerveillement naissent les questions. Quelles étaient les fonctions de tous ces objets ? Pourquoi nos aïeuls ont-ils accordé tant de temps à cette activité ? Pour l’instant, les réponses restent majoritairement en suspens et les hypothèses nombreuses. Seule certitude, cette exposition richement fournie en vidéo et objets interactifs mérite de sortir de sa grotte pour découvrir un monde mystérieux mais surtout passionnant.

Guillaume Fournier

Informations pratiques

L’art préhistorique de l’Atlantique à la Méditerranée,
jusqu’au 7 janvier 2024, 
Musée d’Aquitaine, Bordeaux (33)

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