Du 8 au 14 novembre, direction les Landes, pour la 10e édition du festival du cinéma québécois de Biscarosse rendez-vous dévolu à la production cinématographique de la Belle Province. On en jase avec Séverine Crampette, déléguée générale.

10 ans déjà et quel sentiment ?

Une immense fierté pour un festival de « niche » ; le cinéma québécois étant encore très peu diffusé en France. C’est aussi une véritable gageure plutôt heureuse car le public se montre non seulement fidèle, mais aussi de plus en plus nombreux. Ainsi, en 2024, avons-nous enregistré pas moins de 10% de spectateurs venus de la région parisienne, ce qui est de bon augure pour cette édition anniversaire. N’étant arrivée qu’en 2020 dans l’équipe, j’ai vu se développer une nouvelle dimension du festival, plus ancrée sur le territoire et dans le calendrier — désormais un rendez-vous inscrit au mois de novembre — et une communication en adéquation. Résultat, l’engouement ne fait que s’affirmer.

Quelle était l’ambition originelle ?

Un projet un peu fou… l’équipe fondatrice trouvait qu’il y avait une similitude entre la province de Québec et le territoire des Grands Lacs et s’était dit que le cinéma constituerait un point de jonction idéal ! Les membres du bureau ont bien fait de maintenir le cap au fil des années car le cinéma québécois est un cinéma très innovant que l’on veut faire découvrir au plus grand nombre et autant dire qu’il a encore de très belles heures devant lui.

Le festival du cinéma québécois de Biscarrosse est un festival généreux —longs et courts métrages, documentaires, sélection jeune public. Est-ce à l’image de la proverbiale générosité de la province de Québec ?

Dès le départ, il y avait des longs, des courts et des docs. Puis, nous avons ouvert aux scolaires et au jeune public. Nous désirons en proposer un peu plus chaque année. En 2025, anniversaire oblige, il y a 10 longs métrages en compétition et 2 sélections de courts métrages, dont une sélection de jeunes talents néo-aquitains. Sélection élaborée en collaboration avec l’agence ALCA. Son jury dédié, composé de jeunes entre 15 et 25 ans, a la tâche de départager les récompenses.

Nous souhaitons plus que jamais mettre en valeur l’émergence des deux côtés de l’Atlantique. Toutefois, il faut savoir raison garder. Certes les collectivités nous suivent, certes cette édition anniversaire dure 7 jours, certes il y a plus d’invités, mais, concrètement, grossir nécessite plus de budget. L’essentiel est de rester à l’écoute de notre public qui est particulièrement sensible aux temps d’échanges. Et cette année, 6 cinéastes sont présents à Biscarrosse.

Comment opérez-vous la sélection ?

Pour les longs métrages et les documentaires, tout le mérite revient à Sylvain Garel. Enseignant et critique de cinéma, il a fondé en 1991 et présidé pendant six ans le Festival de cinéma québécois, à Blois, et organisé, en 1993, une rétrospective sur les cinémas du Canada au Centre Georges Pompidou. Il vise toujours juste ! Quant aux courts métrages, c’est le domaine du bureau.

Ce que vous présentez à Biscarrosse connaît-il une véritable distribution sur les écrans français ?

Pour la plupart des films, on achète directement les droits aux distributeurs québécois. Sur 10 films, seuls 2 à 3 sont distribués et, encore, en catimini, dans le réseau des salles françaises. Biscarrosse est un festival un petit peu exclusif. Il y a des figures désormais reconnues telles que Monia Chokri ou Ken Scott, mais on sent que ce qui freine toujours, c’est la langue… En outre, les distributeurs français ne se déplacent pas. Il existe seulement 2 festivals consacrés au cinéma québécois en France : Vues du Québec, festival de cinéma de Florac, en Lozère, et le Festival du cinéma québécois de Biscarrosse, dans les Landes. Le paradoxe, c’est que nous sommes désormais si bien référencés au Québec que sociétés de production et distributeurs nous contactent directement.

Quels sont les clichés collant encore à la peau du cinéma québécois ?

Comme je le disais, une certaine moquerie pour l’accent et un regard condescendant ; voilà les a priori. Or, beaucoup de films français sont des remakes de films québécois comme Fonzy qui reprend l’histoire de Starbuck… Quelques talents connaissent du succès en France. Les acteurs s’exportent très bien comme Théodore Pellerin ou Suzanne Clément et on a parfois trop tendance à oublier qu’ils viennent du Québec. Les passerelles sont encore trop timides, malheureusement.

Quelques coups de cœur pour cette édition 2025 ?

N’ayant pas vu toute la sélection, il m’est malaisé de répondre. Néanmoins, à l’occasion de nos 10 ans, nous rediffusons des films présentés lors des éditions précédentes et je recommande particulièrement Antigone de Sophie Deraspe et Kuessipan de Myriam Verreault. Dernier point et non des moindres, notre jury 2025 100% féminin constitué par le trio Sara Forestier, Évelyne Bouix et Gabrielle Lazure, la Canadienne de l’étape.

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

Festival du cinéma québécois de Biscarrosse,
du samedi 8 au vendredi 14 novembre,
Biscarrosse (40).