Ciou et Malojo ne craignent pas l’accumulation, que ce soit dans les espaces de leur maison de Saint-Vincent-de-Tyrosse, qui abrite leur double atelier, ou bien dans leur travail de peinture et d’illustration, où les détails fourmillent. Le duo propose à Biarritz une rétrospective de son art, événement à saluer car rare sur un territoire où le combat reste à mener pour la pleine et juste appréciation du « surréalisme pop ».

Comment en êtes-vous arrivés à la fusion de vos deux styles personnels ?

Malojo : Nous nous sommes rencontrés il y a environ 14 ans. J’étais encore en train de chercher ma voie artistiquement. Ciou était dans quelque chose d’assez défini. Il nous aura fallu énormément de temps, une dizaine d’années, pour nous convaincre de faire des pièces à quatre mains. Après quoi les choses se sont faites assez facilement : expos, peintures murales… sans rien forcer ni planifier.

Ciou : Nos premières réalisations communes ont eu lieu pour des fresques à Courtrai, en Belgique, à Dublin, en Irlande, puis à Brooklyn, aux États-Unis, à la Cotton Candy Machine, la galerie de Tara McPherson, où on s’est retrouvé à peindre à côté de pointures telles que Skinner ou Jeremy Geddes. À présent, chacun sa fonction, ses personnages et ses techniques…


On comprend que la diffusion de votre travail se fait au niveau international, plutôt que sur un marché domestique…

Ciou : Je travaille depuis 17 ans aux Pays-Bas, où je suis représentée par la galerie KochxBos, et depuis trois éditions je suis curatrice de l’exposition « Popland » à Amsterdam, événement dédié à la pop culture et aux changements en cours dans ce milieu. En ce moment, Malojo et moi peignons des fresques à Ibiza, pour un projet de fondation. Cela devrait nous occuper pendant plusieurs années.

D’autres expositions collectives nous emmènent à Barcelone, en Australie, en Californie… Nous avons essayé d’organiser des événements similaires localement, mais sans succès. Il manque un réseau de collectionneurs. Les galeries en France paraissent en être restées à l’art conceptuel et au street art, sans trop s’intéresser aux mouvements d’art de surréalisme pop. Or qui vend l’art ? C’est le galeriste. Si ce professionnel n’y croit pas, le marché ne peut pas démarrer.


Vous vivez entourés de comics, de figurines, de livres d’art et d’affiches qui trahissent votre fascination pour les artistes américains et japonais…

Malojo : Même si l’industrie a de plus en plus tendance à travailler avec des artistes européens ou sud-américains, en termes de graphisme, ce sont toujours eux les précurseurs. Les Américains ayant tendance à plus utiliser la couleur, on trouve chez eux encore plus de diversité, pour des propositions extraordinaires. En outre, aux États-Unis et au Japon, au niveau de la création artistique et de la production, les choses sont moins rangées dans des petites cases imperméables comme en France et en Europe : on peut à la fois travailler dans le cinéma d’animation et exposer dans les galeries d’art contemporain…


Ciou : C’est vrai que j’assume une forte inspiration japonaise, avec les grands yeux écarquillés des personnages féminins. Cela fait partie de ma marque.


On peut identifier sur certaines compositions, iciun Astroboy de Tezuka, là un Kitaro le Repoussant de Mizuki, à la manière d’un hommage sans doute ?

Malojo : Mais c’est ce que l’on fait tous ! Que l’on soit artiste visuel ou musicien, à travers notre travail, on ne fait que rendre hommage aux gens qui sont passés avant nous et nous ont inspirés. Inutile de se cacher derrière des discours élaborés.

Propos recueillis par Guillaume Gwardeath

Informations pratiques

Ciou & Malojo Duo Show,
jusqu’au samedi 28 octobre,
Atabal, Biarritz (64).

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