Du vendredi 27 juin au samedi 5 juillet, la grand-messe de la cinéphilie déroule, à La Rochelle, une somptueuse 53e édition, entre hommages, rétrospectives, animation et jeune public.
Ce qui demeure admirable avec le rendez-vous rochelais, c’est sa manière subtile de regarder l’histoire du cinéma sans être obsédé par l’impératif de la commémoration ; ce grand mal français.
Ainsi, (re)voir 7 films du regretté Edward Yang, dont l’indépassable Yi Yi (2000), constitue autant une plongée dans une œuvre proche mais perdue de vue — le cinéaste est mort en 2007 — qu’une espèce de leçon d’histoire sur Taïwan durant les décennies 1980 et 1990 avec une résonance contemporaine particulière. De même, en 12 films, de 1958 à 1973, et 1 documentaire, sait-on circonscrire le cas Claude Chabrol (disparu en 2010), ce disciple de Fritz Lang au rire pantagruélique ?
Il est également loisible de se livrer au jeu des correspondances à la faveur d’une programmation honorant Pedro Almodóvar et Jacques Demy… Derrière l’orgie de couleurs et les portraits de femmes, des influences évidentes, une sensibilité gay, un goût du mélodrame et du chant pour essuyer les larmes.
Hommage à une icône féminine
Puisqu’il est question de figure féminine exceptionnelle, comment ne pas succomber à Barbara Stanwyck ? Née Ruby Catherine Stevens, en 1907, à New York, de parents irlandais, morte en 1990 à Santa Monica, Californie, l’ancienne chorus girl, amie de Joan Crawford, a traversé le XXe siècle, du muet à la télévision, en passant par l’âge d’or d’Hollywood. Sa filmographie, injustement résumée à Assurance sur la mort de Billy Wilder en 1944, aligne William A. Wellman, King Vidor, Preston Sturges, Howard Hawks, Anthony Mann ou Douglas Sirk. Gary Cooper, Henry Fonda, Robert Taylor, Elvis, entre autres, furent ses partenaires.
Versatile, dotée d’un caractère en acier trempé et modèle d’indépendance, la favorite de Frank Capra mena une carrière hors norme, de la comédie au mélodrame, du noir au western en passant par le film de Noël. Et s’il fallait ne retenir qu’une image, alors, ce serait Jessica Drummond, intrépide cow girl, toute de noir vêtue, à la tête de son gang dans Quarante tueurs (1957) de Samuel Fuller, inspiration pour Dirk Bogarde dans Le Cavalier noir (1961) et éternelle icône lesbienne.
MAB
Informations pratiques
Festival La Rochelle Cinéma,
Du vendredi 27 juin au samedi 5 juillet,
La Rochelle (17).