Conviant Maya Andersson, Duda Moraes et Dominique Pichou, l’exposition “Où subsiste encore ton écho” à l’Espace Saint-Rémi, à Bordeaux, nous entraîne dans la constance et la singularité actuelle d’une pratique millénaire : la peinture. Un travail qui prend aussi la Une du journal pour le mois de janvier.

« Où subsiste encore ton écho ». C’est ainsi que se termine le refrain d’une chanson aussi populaire qu’énigmatique : La nuit je mens, du regretté Alain Bashung. C’est aussi le titre de l’exposition à découvrir jusqu’à la fin du mois à l’Espace Saint-Rémi, à Bordeaux.

« Ici, l’écho en question, c’est celui de l’histoire de l’art et de la peinture, indique Dominique Beaufrère. Un mode d’expression ancestral mais toujours actuel dont le continuum est scandé par des ruptures, des changements et des retours. » Ces regains d’intérêt prennent ici pour thème deux genres traditionnels. En l’occurrence, le paysage et la nature morte, en suivant la hiérarchie des genres, établie par l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture au XVIIe siècle.

La permanence de la peinture

Remis en question par les artistes modernes qui cherchaient à s’affranchir de la peinture académique, ce système de classification n’est plus opérant aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins que les peintres qui choisissent de s’attaquer à ces sujets aujourd’hui le font en ayant à l’esprit les mouvements qui ont forgé les différents aspects de ce médium à travers les époques.

C’est à cette balade que nous invite en filigrane la proposition imaginée par Dominique Beaufrère et son association Pour La Peinture. Cette dernière « s’intéresse à la permanence de la peinture à travers le temps et s’interroge sur la singularité de cette pratique aujourd’hui ».

Fleurs éclatantes

Avec Maya Andersson et Dominique Pichou, le paysage est convoqué. Un mot qui n’apparaît dans la langue française qu’au XVIe siècle. Et, ce, en contenant d’emblée toute l’ambivalence de cette étendue de terre qui s’embrasse d’un seul point de vue.

« Backwaters », Maya Andersson

Ne pouvant être objectivées, ces fenêtres sur la nature se construisent avec le regard intime de chacun. Celui de la Franco-Suisse Maya Andersson (1942-) associe les réminiscences des grands maîtres (Ruisdael, Vallotton, Hopper…) à l’intensité de ses émotions rapportées d’Inde. Celui de Dominique Pichou (1951-) se façonne dans les vignobles escarpés de la vallée du Douro au Portugal. Dépourvues de perspective, ses partitions graphiques rythment des panoramas qui se prolongent dans l’imaginaire du hors-champ : ce qui se situe au-delà des limites du cadre.

Chez Duda Moraes, enfin, le monumental s’ouvre à la vie triviale d’un autre « petit » sujet : la nature morte. Une vie silencieuse que cette native de Rio de Janeiro (1985-) propulse dans des sphères vivaces, débordantes de couleurs et de fleurs éclatantes. Une proposition artistique enthousiasmante qui pare la Une de la version papier de votre journal favori pour ce mois de janvier.

Anna Maisonneuve

Informations pratiques

« Où subsiste encore ton écho »,
jusqu’au vendredi 26 janvier,
Espace Saint-Rémi, Bordeaux (33).

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