À Langon, le centre culturel des Carmes convie l’artiste girondin Alain Bergeon avec une série de toiles et d’encres, « Quelques autoportraits… », où se joue la condition humaine.

« Je consacre tout mon temps à la peinture et c’est loin d’être suffisant », écrit Alain Bergeon. Cette urgence détermine une approche spontanée, instinctive, alerte, intense et assidue. Elle dirige peintures et dessins, des gravures parfois aussi.

Au cœur de cette vaste entreprise, commencée il y a plusieurs décennies, on croise quelques thèmes classiques de l’iconographie chrétienne, à l’image de la Pietà. Cette ode à la compassion se décline dans un polyptyque composé de sept encres grasses sur papier, marouflé sur toile puis sur bois. Un ensemble réalisé pour le musée de Rabastens, dans le Tarn, en 2002.

“J’ai un peu détourné la “légende””

Autre leitmotiv biblique, le Jugement dernier, que ce diplômé des Beaux-Arts de Bordeaux revisite en toute liberté à travers 33 acryliques et encres sur papier de mêmes dimensions. Ces espiègles icônes sont exposées à la Chapelle du Carmel (Libourne) en 2004, avant Bergerac en 2007 et Bordeaux en 2009, où elles figurent dans l’exposition qu’Alain Bergeon partage avec Robert Kéramsi à la Base sous-marine.

À leur propos, l’artiste né en 1945 écrit : « Je pensais que j’allais peindre une grande et belle toile sur le sujet, comme l’avaient fait des centaines d’artistes avant moi ! Mais je m’aperçus assez rapidement que je n’étais pas assez croyant pour faire la chose très honnêtement… J’ai un peu détourné la ‘‘légende’’, ce qui me permit d’honorer l’invitation [passée par la Ville de Libourne, NDLR] tout en restant bien en paix avec moi-même. »

Aventure artistique

Cette approche facétieuse trouve une résonance dans l’œuvre du poète et peintre Henri Michaux, en particulier dans son Voyage en Grande Garabagne qu’Alain Bergeon réinterprète dans de grands dessins à l’encre. Ces affinités électives partagent un goût pour l’absurde, le cocasse et ces mondes imaginaires capables d’éclairer nos propres réalités ; en particulier la condition humaine.

C’est elle qui guide l’aventure artistique de ce Libournais. Imposantes ou modestes, s’élaborant sur toutes sortes de supports en papier dont ce n’est pas la destination première, ses œuvres se partagent à Langon entre toiles récentes, d’autres plus anciennes et ses « devoirs du soir ».

Anna Maisonneuve

Informations pratiques

« Quelques autoportraits… », Alain Bergeon,
jusqu’au samedi 2 mars,
centre culturel des Carmes, salle George Sand, Langon (33).
L’artiste sera présent les samedis 10 février, 24 février et 2 mars.

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