À Anglet, entre la Villa Beatrix Enea et la galerie Pompidou, Lydie Arickx, incontournable figure de l’expressionisme français, présente une exposition aussi bicéphale que hors norme, « LE GRAND ÊTRE ».
À 70 ans, la native de Villecresnes, demeure une créatrice d’exception. Quel que soit le médium — dessin, peinture, sculpture —, cette diplômée de l’école supérieure d’arts graphiques Penninghen, installée depuis 1991 à Angresse, dans les Landes, s’exprime en grand format. Voire en très grand format. Intégrant dans sa démarche une foultitude de matériaux (bois, tissus, bitume, résines et fibres…).
Ses œuvres ont autant enrichi les collections nationales (du musée national d’Art moderne Georges-Pompidou au palais de Tokyo) que l’espace public, notamment dans son département d’adoption (IUFM de Mont-de-Marsan, MACS de Saint-Vincent-de-Tyrosse, fresque du centenaire des arènes de Dax en 2013).
Une nouvelle exposition immersive
Sa dernière exposition d’ampleur en Nouvelle-Aquitaine, « Tant qu’il y aura des ogres » (2019) investissait la totalité du château de Biron, en Dordogne, avec pas moins de 500 pièces… dont un bon nombre réalisées in situ, en public et en direct à la manière d’une performance.
La revoilà cet hiver, plus au sud, à Anglet, avec « Le grand être », qui se déploie, sur les deux sites du centre d’art contemporain via une installation immersive éponyme sise dans la galerie Pompidou, et un florilège d’œuvres inédites, produites spécifiquement pour l’occasion, ainsi qu’une sélection de ses archives ; plus de 30 000 pièces en 50 ans de carrière !
Du sol au plafond
Au sein de la galerie Pompidou, place à une installation monumentale, constituée d’un ensemble de plus de 50 panneaux de 4 mètres de haut, recouverts d’un papier photo marouflé réhaussé de charbon. Le tout représente une chaîne de montagnes inspirée du cirque de Troumouse (Hautes-Pyrénées). Un making of vidéo, signée Alex Bianchi et César Bianchi, dévoile les coulisses de cette création au long cours.
Dans l’écrin de la Villa Beatrix Enea, peintures, bas-reliefs et sculptures permettent d’appréhender différentes facettes d’une œuvre qui explore la matière, occupe l’espace du sol au plafond, repoussant sans cesse les limites de l’accrochage. Là encore, du grand format, neufs pièces dans une scénographie volontairement très épurée.
Du pastel des premières œuvres des années 1970, huiles sur toile, ossature avec peau de vache, pigment, toile émeri, résine polyester, céramique, plume, bronze, verre, la diversité des matériaux illustre son goût pour l’expérimentation. Elle emprunte le vocabulaire de l’iconographie religieuse et profane. À noter, deux pièces réalisées spécifiquement pour l’exposition — L’Ogresse mer et La Grosse Mer — ainsi qu’un cabinet de curiosités qui permet d’observer des œuvres infiniment petites, aux côtés d’œuvres infiniment grandes.
En attendant l’ouverture de sa « Fabrickx », fin 2025, une invitation à (re)découvrir son univers.
Marc A. Bertin
Informations pratiques
Le grand être, Lydie Arickx,
jusqu’au samedi 15 mars 2025,
Villa Beatrix Enea et galerie Pompidou, Anglet (64).