VITORIA-GASTEIZ – Guipuzkoa, Bizkaia ou Alaba ? Cette dernière destination, la moins connue des trois provinces autonomes basques, mérite absolument qu’on y pose ses valises. Elle a quelques arguments à faire valoir parmi lesquels nous pourrions citer le pintxo Gilda (1), les vins de Rioja Alavesa et une capitale résolument verte.

Les mythes fondateurs de la ville basque

La visite de la cathédrale Sainte-Marie revient sur les mythes fondateurs de la ville basque et installe chez le visiteur l’idée que Vitoria a d’autres atouts que celle d’avoir été une ancienne ville de garnison ou la ville de villégiature (d’amour) de Joseph Bonaparte.

Une visite pour découvrir la bâtisse par ses fondations et remonter jusqu’au triforium en suivant les travaux de recherches archéologiques, en parcourant les excavations, en contournant semelles ou piliers et les chantiers liés à la consolidation de la bancale cathédrale. Car la fébrile bâtisse fut fermée au culte en 1994 et 2014. Une cathédrale sise entièrement, comme le découvrent alors les archéologues, sur le cœur de l’ancien village de Gasteiz, qui a donné naissance à Vitoria. On frémit, un peu, en observant les fissures et l’inclinaison inquiétante des piliers soutenants les arcs. Si l’édifice fortifié et sa Sainte protégeaient la ville navarre du siège effectué en 1199 par le roi de Castille Alfonse VII, la science seule a fini par stabiliser le grand ouvrage, vouant aux gémonies l’architecte originel. Une montée dans la tour jusqu’au corps de cloche, par un sublime escalier hélicoïdal, permettra un joli coup d’œil sur la ville.

Paseo et ceinture verte

On prend un réel plaisir à descendre du quartier de Gasteiz, percevant les murmures d’une ville active, en passant par le palais renaissance Villasuso en surplomb de la ville, jusqu’à à la place de la Vierge-Blanche, lieu de festivités populaires autour d’un monument commémorant une victoire sur les armées napoléoniennes, en passant par la place d’Espagne, plus classiquement espagnole et joliment désuète. On trouve un charme certain à cette ville richement arborée, parsemée de parcs et de promenades, dont le Jardin Romantique, la belle et aristocratique promenade de Fray Francisco de Vitoria et sa maison aux cariatides. La capitale irriguée de pistes cyclables et piétonnes nous rappelle son credo : nul habitant ne doit se trouver à plus de trois minutes d’un espace vert ! On suit encore avec intérêt le vaste projet d’une route verte qui ceindra bientôt complètement la ville. Une voie qui permet de traverser, à quelques encablures de la cité, espace ornithologique, étang, mont Olarizu, ville neuve, enceinte de basket et ancien aérodrome. On lui décerne, sans surprise, l’enviable prix de capitale verte européenne. Un modèle du genre.

Ancien Aerodrome de Vitoria-Gasteiz @Henry Clemens
Ancien Aerodrome de Vitoria-Gasteiz @Henry Clemens

Rioja Alavesa

Vitoria-Gasteiz reste aussi la vitrine de quelques beautés culinaires basco-navarraises comme ces déclinaisons délicieuses de pintxos – dont le fameux Gilda, en hommage à l’iconique actrice Rita Hayworth –, les fromages de brebis Idiazabal, la truffe noire de l’Alava, le sel de l’étonnante vallée d’Añana ou les huiles d’olive Arroniz.

L’Alava reste résolument tournée vers l’intérieur d’un Pays basque agricole et viticole qui a beaucoup à offrir. La Rioja Alavesa, une des trois subdivisions de la Rioja, se situe à une heure à peine de la capitale Vitoria-Gasteiz. Une fois passées les sierras qui enserrent la capitale, on ne peut qu’être chamboulé par ces paysages, où les vignes en gobelet cohabitent désormais avec les vignes en espalier sur des sols argileux-ferreux rougeoyants.

Laguardia, poste frontière

Laguardia, véritable village médiéval d’Épinal avec ses rues fraîches, ses panederías, l’imposant portique polychrome de Sainte- Marie-des-Rois et son vaste réseau de caves dédiées au vin, constitue une entrée en matière parfaite pour appréhender l’histoire et le savoir-faire de cette sous-division de l’AOC.

On ne fera pas l’économie d’une descente dans les caves – plus profondes encore que celle du Couvent des Jacobins – El Fabulista, situées sous le palais de Samaniego, pour se familiariser avec les macérations carboniques des vins rouges élaborés à partir de tempranillo, pour découvrir les caves d’élaboration et d’élevage ainsi qu’un pressoir datant de 1903.

VUE SUR SIERRA CANTABRIA DE LAGUARDIA @Henry CLEMENS
VUE SUR SIERRA CANTABRIA DE LAGUARDIA @Henry CLEMENS

À l’ombre du Marquis

Délaissons le Marqués de Riscal et son bâtiment ondoyant conçu par Gehry pour nous arrêter avec intérêt chez Aluzil, situé à Samaniego, une exploitation familiale à flanc de montagne. On s’y délecte d’un blanc sec, le Blanco joven, à base de viura, de tempranillo blanco et de verdejo. Ce dernier surprend par ses arômes d’herbes sèches, à peine contrariées par des fruits mûrs voire exotiques. La bouche reste gracile et élégante, convoque un peu de salinité en finale. Pour le dîner dans les vignes, au pied d’une cordillère retenant de menaçants nuages, nous nous régalons d’un Alutiz rouge en macération carbonique élaboré à partir de tempranillo et de viura. Il offre au nez des épices et des fruits rouges frais. On retrouve en bouche une pureté et un croquant conférés par la macération carbonique. Il épouse parfaitement la tortilla maison et les costillas grillées sur sarments… À moins de quatre heures de Bordeaux, une vacuole idyllique entre sierra Cantabria et rivière Ebro.

✍️ Henry Clemens

(1) Pintxo Gilda : piment rouge d’Ibarra, anchois de Cantabrie, olives dénoyautées, huile d’olive de Rioja Alavesa

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