FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’HISTOIRE – Valérie Hannin, historienne et directrice de la revue L’Histoire, préside cette année le jury fiction de la manifestation pessacaise. Elle revient sur le thème de cette 32e édition et le temps de maturation nécessaire pour analyser les révolutions.

Propos recueillis par Henry Clemens

Comme s’est faite votre rencontre avec le festival ?

Je suis là au titre d’administratrice du festival et directrice de revue. Je ne suis pas une professionnelle de l’image, ce qui est presque tout le temps le profil des gens présidant le jury fiction. Si François Aymé m’a fait le grand honneur de me nommer cette année, c’est que je suis partenaire du festival depuis le début.

J’ai rencontré le festival grâce à L’Histoire, dont j’étais il y a trente ans, rédactrice. Le coup de génie d’Alain Rousset a résidé dans le fait qu’il est allé chercher de vrais historiens avec Jeanneney, Winock ou Rioux, en particulier, et a mis dans la course les personnes de la revue. Je suis rapidement arrivée dans le conseil d’administration pour assumer la partie des débats. Le grand chic de ce festival, c’est d’associer fictions ou documentaires et débats avec des historiennes et historiens qui servent l’image ! Il y a une vraie réflexion qui croise l’imaginaire et l’histoire. C’est assez beau.

Valérie Hannin – Historienne, directrice de la revue L’Histoire et présidente du jury FIFH

Était-il temps d’aborder le thème masculin-féminin ?

Je ne sais pas. Nous avions abordé, il y a quelques années, la question des femmes au pouvoir qui recouvre le thème d’aujourd’hui. Il y a dix ans le thème n’aurait pas été formulé ainsi. « Masculin-féminin », c’est une formulation qui rend compte de préoccupations qui sont très marquées par le contemporain. Il me semble surtout qu’après cinq ans – et la révolution #MeToo – on peut enfin tirer quelques bilans.

L’historien a besoin de ce temps long et on commence à avoir une vision plus apaisée. En abordant ce thème, on peut se faire porte-parole de tout un travail qui est fait depuis trente ans sur le rapport entre les sexes avec une question qui traversera la semaine du festival : la domination masculine est-elle une fatalité ? On peut aborder la question comme Michelle Perrot (1) le fera, je pense, en interrogeant la question de la domination et en ne perdant pas de vue que les hommes et les femmes sont les deux moitiés d’une orange. L’histoire doit nous aider à gérer cette révolution.

Que peut justement le cinéma ?

Énormément au même titre que l’histoire ou la littérature. Il contribue à notre imaginaire dont nous dépendons tous. Le cinéma contribue également à nous construire. Je souhaite que le festival permette de parler de l’amour dans sa version « cliché » ou plus transgressive. Nous voyons bien comment les films nous acclimatent à la question sexuelle et à la question du genre. Les professeurs d’histoire nous éduquent au même titre que les films.

(1) Historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris-Diderot et militante féministe française, elle tiendra le 14 novembre la conférence inaugurale. Par ses travaux pionniers sur la question, elle est l’une des grandes figures de l’histoire des femmes.

Festival International du Film d’Histoire
Du lundi 14 au lundi 21 novembre, Pessac (33)

🎬 Le cinéma en Nouvelle-Aquitaine

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