Du piano à gogo ; des musiciens virtuoses qui passent à la direction d’orchestre, baroque ou romantique ; un orchestre aussi flamboyant que l’oiseau qu’il évoque : voici la sélection des concerts à vivre en Nouvelle-Aquitaine cet hiver.

Piano forte

Les amateurs de piano sont à la fête en ce début d’année, de Bordeaux – où se produiront successivement, à l’Auditorium, Bertrand Chamayou, dans un programme 100 % Ravel (25/01), et la phénoménale Franco-Géorgienne Khatia Buniatishvili (6/02) – à Uzerche.

En association avec le Festival de la Vézère, la « Perle du Limousin » accueille en effet l’un des pianistes des plus précieux en la personne d’Abdel Rahman El Bacha. Le pianiste franco-libanais y retrouvera l’un des compositeurs les plus chers à son cœur : Frédéric Chopin (1810-1849), pour lequel il disait avoir éprouvé « un coup de foudre dès le départ », et dont il a enregistré l’œuvre au grand complet.

Un programme de choix, tout entier dévolu à la décennie 1830, qui, outre les deux cahiers des Études, fabuleux alliages de virtuosité et de poésie, nous ballottera entre lumière (la Grande Valse brillante en mi bémol majeur op. 18) et pénombre (les deux Nocturnesde l’Opus 27). Et une soirée définitivement pianistique, puisqu’elle sera introduite par une conférence sur le métier de facteur de piano proposée par Benoît Carde.

  • A retenir : Abdel Rahman El Bacha, jeudi 16 janvier 2025, 20h30, Auditorium Sophie Dessus, Uzerche (19). Soirée « piano », 18h-19h, conférence sur le métier de facteur de piano dispensée par Benoît Carde (tarif : 5 €), suivie d’un repas de 19h à 20h (tarif : 16 €). Réservation obligatoire auprès de la billetterie de l’Auditorium. 

Chefs étoilés

Qu’ont en commun le contre-ténor Philippe Jaroussky (né en 1978) et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière (né en 1990) ? Tous deux ont entamé une brillante carrière de soliste avant de fonder leurs propres ensembles pour laisser libre cours à leur amour de la direction d’orchestre ; tous deux, aussi, se produisent à La Coursive, scène nationale de La Rochelle, cet hiver.

Empruntant son nom à un sujet plusieurs fois porté à la scène à l’époque baroque, l’Ensemble Artaserse, créé dès 2002 par Philippe Jaroussky, exhume aujourd’hui un joyau méconnu de l’opéra baroque : l’Orfeo composé en 1672 par le Vénitien Antonio Sartorio (v. 1630-1680). À la fois plus sombre et plus bigarré (puisque ponctué d’intermèdes comiques et d’intrigues périphériques mettant aux prises des héros aussi incongrus qu’Hercule ou Achille), cet Orfeo, confié à la sagacité du metteur en scène Benjamin Lazar, devient un palais des mirages où les protagonistes vont de désillusion en désillusion.

L’orchestre Consuelo, qui doit son nom à une citation tirée du roman éponyme de George Sand— « Quiconque se sent pénétré d’un amour vrai pour son art ne peut rien craindre » —, évolue quant à lui dans le grand répertoire classique et romantique. Au menu de son escale rochelaise : le lumineux Concerto pour violon en ré majeur de Beethoven (1770-1827), avec en soliste la Bulgare Liya Petrova, le sublime Silence de la forêt d’Antonín Dvořák (1841-1904), dirigé depuis son violoncelle par Victor Julien-Laferrière, et la Suite n°2 en ut majeur, op. 53 « caractéristique » de Tchaïkovski (1840-1893).

  • Orchestre Consuelo, direction et violoncelle Victor Julien-Laferrière, violon Liya Petrova, vendredi 7 février 2025, 20h30, La Coursive Grand Théâtre, La Rochelle (17).
  • Orfeo, Ensemble Artaserse, livret Aurelio Aureli, direction musicale Philippe Jaroussky, mise en scène Benjamin Lazar, dimanche 23 février 2025, 16h30, La Coursive Grand Théâtre, La Rochelle (17).

Orchestre flamboyant

Chef d’orchestre, le vétéran Jean-Claude Casadesus, qui fêtera en décembre prochain ses 90 ans (!), l’est jusqu’au bout de la baguette. Lui qui fut, 40 années durant, à la tête de l’Orchestre national de Lille retrouvera celui de Bordeaux-Aquitaine avec un programme haut en couleur : le Concerto pour violon d’Edward Elgar (1857-1934), avec en soliste Nicolas Dautricourt, qui vient de l’enregistrer sur le précieux Stradivarius (1713) prêté par Bernard Magrez ; l’ouverture de La Force du destin de Giuseppe Verdi (1813-1901) ; enfin, la fabuleuse suite de L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky (1882-1971).

Commande composée en 1912 pour les Ballets Russes, c’est un véritable feu d’artifice harmonique et rythmique, qui galvanise (Danse infernale de Kachtcheï) autant qu’il bouleverse (la Berceuse) : voir un orchestre interpréter du Stravinsky, c’est comme regarder un film à grand spectacle. Un grand moment en perspective.

  • Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, direction Jean-Claude Casadesus, violon Nicolas Dautricourt, vendredi 7 février 2025, 19h30, Auditorium, Bordeaux (33) et le dimanche 9 février 2025, 17h, théâtre Quintaou, Anglet (64).
  • Mercredi 5 février 2025, 17h, conférence de Jacques Clémenty autour de L’Oiseau de feu, Grand-Théâtre, Foyer Rouge, Bordeaux (33).

David Sanson