À l’aube d’une nouvelle saison, Ignacio Cabrero, coordinateur culturel arrivé en janvier, fait le point sur les riches activités à venir à l’Instituto Cervantes Bordeaux mettant en avant la culture en espagnol avec notamment un large volet cinématographique.

Commençons par poser les bases, quelle est la fonction de l’Instituto Cervantes ?

Faire rayonner l’espagnol ! Par l’apprentissage de la langue avec des cours et par la diffusion de la culture en espagnol et dans les langues officielles de l’Espagne, à savoir le castillan, le basque, le catalan et le galicien. Au total, il y a 87 instituts à travers le monde. On dénombre 21 pays hispanophones et, par exemple, plus de personnes parlant espagnol en première langue aux États-Unis qu’en Espagne !

Nous voulons montrer cette diversité avec des œuvres provenant de tous ces territoires comme des courts métrages argentins dans le cadre du festival Nuits Magiques, à Bègles, le 15 décembre prochain. En outre, à Bordeaux, il y a beaucoup d’associations latino-américaines avec lesquelles nous travaillons et qui influencent notre programmation.

Lettres du monde, Musical Écran, Les Nuits Magiques… les partenariats culturels avec les événements locaux sont nombreux ! Cela traduit-il une volonté de s’inscrire au maximum dans le tissu culturel bordelais ?

Oui. Cela nous permet d’avoir une plus grande notoriété, une meilleure visibilité dans la ville ainsi que de tisser notre réseau culturel. Pour moi, il n’est pas possible de travailler dans son coin isolé. Il faut être mélangé aux autres acteurs culturels pour se nourrir de leurs réflexions. Nous collaborons aussi avec des institutions en Nouvelle-Aquitaine tel le festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan avec la présentation le 18 novembre du premier numéro des Cahiers du festival Arte Flamenco. Il est difficile pour nous d’être tout le temps présents.

Ainsi, aimerais-je investir un peu plus la programmation du Rocher de Palmer, à Cenon. Nous entretenons une très bonne relation avec eux. Il faut pourtant arriver ensuite à s’entendre sur les personnes à faire venir, entre soutien à la jeune création et artistes assez confirmés pour remplir une salle. Avec le cinéma Utopia, nous essayons aussi de multiplier les partenariats pour présenter un film et organiser ensuite une rencontre avec le réalisateur que nous prenons en charge.

En parlant cinéma, vous initiez cette année un cycle de projections, axé sur la période historique de la transition quand, il y a 50 ans, l’Espagne a basculé de la dictature à la démocratie.

C’est une période extrêmement importante pour l’histoire moderne de l’Espagne. La société a basculé dans la liberté très rapidement. Maintenant, on commence à se pencher de nouveau sur cette période pour voir que tout n’était pas parfait non plus. Notre programmation est aussi là pour montrer cette pluralité des points de vue. Faire une relecture critique.

Il y aura le 6 octobre une rencontre avec le commissaire du cycle, Alberto Berzosa, puis une publication plus large sur le sujet. Nous voulons montrer l’évolution de la société espagnole et l’élan de création artistique baptisé Movida madrileña qui a soufflé sur le pays avec un certain Pedro Almodóvar en figure majeure.

Justement pas de Pedro Almodóvar dans la programmation, une façon de réaffirmer que le cinéma espagnol ne s’arrête pas à cette figure ?

Bien sûr, le cinéma espagnol ne s’arrête pas à lui ! Ce qui ne nous empêche pas d’avoir diffusé un documentaire sur lui en mai. Il y a une grande diversité de réalisateurs espagnols de grande qualité !

Parmi toutes les propositions à venir, auriez-vous un coup de cœur en particulier que vous attendez plus impatiemment ?

Compliqué de choisir… Un réalisateur que j’adore, qui est très contemporain avec un point de vue très critique, c’est Pablo Llorca dont nous projetterons le 15 septembre le film El mundo que fue y el que es (2011). À ne pas rater, ¡ Vámonos, Bárbara ! (1978), réalisé par Cecilia Bartolomé. Traitant des problèmes de couple et de la difficulté du divorce en Espagne, il est considéré comme le « premier film féministe » espagnol. Il est inspiré par Alice Doesn’t Live Here Anymore de Martin Scorsese sorti aux États-Unis en 1974.

Outre le cinéma, pourriez-vous nous parler de l’exposition « 17 objectifs de développement durable illustrés », qui sera accrochée de septembre à décembre ?

C’est une exposition réalisée par 17 illustrateurs hispanophones. Chacun met en image un des objectifs de développement durable édictés dans l’Agenda 2030, un programme adopté par 193 nations en 2015. Des objectifs pour plus de solidarité et pour essayer d’être plus en accord avec la biodiversité.

Notre exposition est pédagogique avec un volet artistique soutenu. Cela nous permet de notre côté de varier nos propositions d’expositions temporaires. Je vais aussi inviter David Adiego Sánchez, un des artistes, pour un atelier d’illustration le 20 septembre, durant les Journées européennes du patrimoine avec une thématique : « Qui dessine la ville ? » C’est une façon de faire vivre le lieu durant cette journée spéciale. Après, de toute façon, l’Instituto Cervantes attire les visiteurs car beaucoup viennent pour voir la dernière maison de Goya à Bordeaux [le peintre Francisco de Goya est décédé le 18 avril 1828 dans le bâtiment après y avoir vécu 4 ans, NDLR].

Propos recueillis par Guillaume Fournier

Informations pratiques

Instituto Cervantes,
57, cours de l’Intendance, Bordeaux (33)