L’auteur Jean Harambat revient en compagnie de Jean-Jacques Rouger avec l’album La Pièce manquante publié chez Dargaud avec une rocambolesque histoire autour de Cardenio, pièce disparue de William Shakespeare.

Si la signification du cryptique « MDEILMM », message codé arraché à William Shakespeare par Victor Hugo lors d’une de ses fameuses séances spirites, restera pour toujours un mystère, il est fort probable que l’on ne résoudra jamais une autre énigme accolée à l’éminente figure du barde d’Avon : la disparition de sa pièce Cardenio.

Bien que référencée dans certains registres d’époque, jouée semble-t-il devant la cour du roi, il ne subsiste depuis presque rien de cette œuvre écrite à quatre mains avec le dramaturge John Fletcher. Désespérément fantomatique, le manuscrit attise depuis toutes les hypothèses et les fantasmes, à croire que cette pièce inspirée d’un épisode de Don Quichotte de Cervantès n’était finalement qu’une supercherie montée en épingle par un philologue plaisantin en mal de notoriété.

Un récit rocambolesque

Elle n’en reste pas moins du pain béni pour un auteur comme Jean Harambat qui trouve dans cette incroyable histoire la trame d’un récit rocambolesque qui prend pied au XVIIIe siècle alors que la rivalité des théâtres londoniens bat son plein. Actrice populaire, la rouquine Miss Peg Woffington, lasse d’être considérée davantage pour ses belles jambes que pour ses talents d’actrice, part sur la piste de ce Graal littéraire pour jouer enfin un rôle féminin à sa mesure, celui de Dorotea, l’héroïne éconduite par Cardenio dans la novella de Cervantès.

Dans son improbable croisade, la Don Quichotte en jupon a un allié de poids en la personne de son impresario au nom approprié d’Ignatius… Sancho. Après l’espionnage sautillant d’Opération Copperhead, cocasse hommage au whodunit du Detective Club, Jean Harambat tire le rideau sur sa trilogie anglaise, en puisant dans une enquête fouillée de l’universitaire Roger Chartier sur cette insaisissable « pièce manquante ».

Farce picaresque

Exploitant les maigres indices à sa disposition, l’auteur invente une farce picaresque en trois actes pour remonter et renouer à sa manière les fils menant à cette étrange disparition.

Arrondissant son trait pour l’occasion, il spécule à tout va et fait de cette recherche échevelée, le prétexte à des déguisements, des chausse-trappes et un casting de personnages croquignolets, l’ensemble servi par des dialogues à fleuret moucheté dont il a le secret. Jusqu’au coup de théâtre final, hey-ho !

Informations pratiques

La Pièce manquante,
Jean Harambat et Jean-Jacques Rouger,
Dargaud

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *