Jusqu’à la fin du mois de septembre, le Conseil départemental de la Gironde poursuit son dispositif de soutien à la culture. Un enjeu considéré comme fondamental par l’exécutif, qui ne cesse de se débattre dans un contexte hostile.
150 communes visitées, 51 festivals soutenus, 17 spectacles en tournée, 1M€ de soutien et de prêt de matériel via l’Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel… Cette 23e édition des Scènes d’été ne déroge en rien à l’ambition portée par le Conseil départemental de la Gironde. Soit « une politique culturelle accessible partout et pour tout le monde », selon Martine Jardiné, vice-présidente en charge de la citoyenneté sociale, vie des territoires, jeunesse et dynamiques associatives, sportives et culturelles.
Dans les coulisses, ce « moment suspendu dans l’été pour les familles » ne reste pas sourd aux contingences de l’époque. Handicap, développement durable, mobilité, parité, égalité, qualités techniques (un bonus pour les formes légères), et, naturellement, une primauté aux créations girondines.
À la fois tremplin de talents (178 propositions soumises pour 2025) et facilitateur, les Scènes d’été assument ce rôle de coordination et d’impulsion, en premier lieu à destination des ruralités ; un pluriel de rigueur eu égard à la taille et à la disparité d’un département qui ne saurait être réduit à sa tentaculaire métropole ni à son littoral.
Afin de ne perdre la raison ou son latin (Quod abundat non vitiat), lumière, en toute subjectivité, sur une poignée de propositions.
Le plus historique : Le Gros Crépuscule—Cie Astropophe,
Il y a spectacle de rue et spectacle de rue. Ici, on en ressort instruit. 1723, comté du Hampshire, sous le règne de George Ier. Un gang de braconniers, les Wokingham Blacks, ose tuer les prestigieux cerfs des forêts privées, dont celle royale de Windsor. En réponse, le parlement anglais promulgue le Black Act, texte de loi punissant de mort toute intrusion dans ces propriétés. Alors que se lève une palissade aux abords de la forêt qu’ils utilisaient quotidiennement, La Foulque et Chariq’ assistent à l’avènement de la propriété privée. Histoire de lutte, tentatives maladroites, plans tarabiscotés, obstacles en tous genres, une leçon de marxisme entre burlesque, absurde et délire.
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Le plus jeune public : Englouti !—Cie HEL,
Conte ? Danse ? Marionnette ? Poésie ? Cette création 2023 propose un voyage extraordinaire au pays des détritus ! Enfin, le récit sans parole et sensoriel d’un humain se régalant de mets emballés et produisant inéluctablement des déchets. Trop de déchets. Or, un jour, ces immondices prennent soudainement vie : un papillon aux reflets irisés, un ver en colère bruissant, ondulant, se transformant, jusqu’à l’apparition d’un créature mi-humaine, mi-plastique ! Avec toutes les matières accessibles autour de nous, Englouti ! encourage à ne plus considérer ces objets comme un déchet mais une matière première en soi, une porte vers l’imaginaire où tout est possible.
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Le plus gourmand : Le Risotto de Stuttgart—Hildebrandt
Soit une savoureuse « recette » sortie de la tête gourmande de Hildebrandt, un risotto agrémenté de chou rouge aigre-doux, inspiré d’un plat de sa grand-mère allemande… Une recette tel un paradoxe, résumant les dualités et autres contradictions d’un artiste qui se construit entre petites réussites et petits échecs. Un tiers concert + un tiers narration + un tiers gastronomie. Hildebrandt y chante son répertoire et quelques mash-ups bien sentis, croisant Dominique A et The Cure ou Léo Ferré et Léonard Cohen. Il raconte force anecdotes tout en réalisant, en direct, le fameux mets que le public dégustera à la fin.
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Le plus surprenant : Je me laisse porter-saison 5— Cie des Petites Secouss
Envie d’une balade inédite, ponctuée de rencontres uniques ? Alors, au détour d’une rue ou sous un arbre, laissez-vous prendre par la main et faites-vous surprendre en chemin par une grand-mère amoureuse ou une danseuse cyborg… Ici, un comédien déclame un texte intime, là, un danseur interprète une chorégraphie sensible, plus loin, une étrange créature entonne une chanson. Il n’y a pas forcément de fil narratif, hormis la flânerie, la surprise et le plaisir de partager, de découvrir ensemble ces moments fugaces faits juste pour vous.
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Le plus frugal : Slowfest Orchestra—Slowfest
Depuis 2015, Slowfest expérimente de nouveaux modes plus écologiques et moins énergivores de création et de diffusion des musiques actuelles : concerts sans amplification ou sur sono solaire, tournées à vélo, micro-festival en autonomie énergétique. Ce collectif — riche d’une vingtaine de membres, artistes, techniciens du spectacle et des énergies renouvelables, amateurs de bon son et de low-tech — n’est pas qu’un laboratoire d’expérimentation de la transition écologique. Ici, la fête se vit sur le dancefloor, avec une musique de danse et de transe acoustique, jouée sur d’étranges instruments fabriqués à partir de déchets. L’orchestre fait bouger les corps dans une ambiance carnavalesque de poils, de plumes et de paillettes.
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Marc A. Bertin
Informations pratiques
Scènes d’Été en Gironde,
De juin à septembre 2025