Venue du 93, la compagnie Cabas vient planter son chap’ et ses douars trois semaines durant à Bègles. Dans sa besace : ateliers, créations participatives, fanfare et spectacles.
D’aucuns parleraient d’un projet de territoire. Chez Cabas, on préfère appeler ça joliment des « douars ». Du terme, venu d’Afrique du Nord, désignant un groupement d’habitations de personnes liées par un lien de parenté. Fixe ou temporaire.
Ephémère communauté printanière
Allons-y pour le campement donc, et pour une parenté bien élargie, en terre béglaise ! Cabas réunit en avril une éphémère communauté printanière autour de dix artistes de cirque d’horizons différents, qui inviteront habitants, élèves, enfants, à faire troupe, à travers ateliers, rencontres et pas mal de fêtes. Trois semaines durant, ce cirque généreux et métissé, nourri de cultures des deux côtés de la Méditerranée, infiltrera le quartier de la Cité du cirque, entre l’esplanade de Terres-Neuves, le Chapitô et la place du 14-Juillet.
À la tête de la compagnie, l’artiste Sophia Perez a toujours aimé inventer — à côté des spectacles de la compagnie — des formats nomades et partageurs, pour que la création circassienne soit aussi prétexte aux échanges humains. Habituée aux voyages, la compagnie a déjà implanté ses douars un peu partout : Lomé, Paris, Nîmes ou Bastia.
Menu varié
À Bègles, dès le 4 avril, le menu sera varié : déambulations en musique avec la fanfare Toto et son répertoire oriental, séance ciné à La Lanterne, ateliers de cirque dans les centres culturels et les collèges, mais aussi avec les élèves de l’école de cirque de Bordeaux, atelier pâtisserie, repas et temps de restitution — « petit et grand rendu » — afin de voir comment le geste acrobatique, poétique, a pris corps dans celui des participants.
Pour la partie spectaculaire, le chapiteau aux Terres-Neuves accueillera deux formes différentes, mais relevant du même questionnement engagé sur le thème de la migration et de la rencontre entre les cultures. Juste une femme, solo pour une acrobate, part du témoignage d’une réfugiée, Aissetou, recueilli par l’interprète Cécile Yvinec. Un cirque tchatcheur, chorégraphique et documentaire, retraçant sans pathos un parcours d’exil et de migration.
L’autre création, Parfois ils crient contre le vent, plus collective, prend son impulsion dans la double origine franco-marocaine de Sophia Perez. Les cinq artistes réunis, marocains et français, tournent autour d’un échafaudage central à coup d’acrobaties, de parkour, de danse et de mots, pour questionner les contours d’une identité instable et joyeuse, loin des assignations.
Stéphanie Pichon
Informations pratiques
Douar, Cie Cabas,
du lundi 7 au jeudi 24 avril,
Cité du cirque, Bègles (33).
Des corps et des quartiers,
mercredi 9 avril, 14h et 20h30.
Parfois ils crient contre le vent,
samedi 12 avril, 18h.
Juste une femme,
mercredi 16 avril, 20h.
Le Grand Rendu,
vendredi 18 avril, 20h.
Le Petit Rendu,
jeudi 24 avril, 15h.
Le Douar en fête,
jeudi 24 avril, 20h.