Sous la houlette du Quatuor Modigliani, le festival de musique de chambre d’Arcachon fait la part belle au grand répertoire, mais n’oublie pas les croisements musicaux… et la nouvelle génération.

Certains concerts de musique de chambre atteignent des sommets d’intensité, une puissance que même les concerts de musiques amplifiées les plus galvanisants peinent à reproduire. La 6e édition du Festival de musique de chambre d’Arcachon du 20 au 26 avril est l’occasion rêvée d’en faire l’expérience.

Toujours sous la direction artistique du Quatuor Modigliani, la manifestation continue de placer en son cœur le grand répertoire classique et romantique : explorant de multiples configurations — deux solos, deux duos, un quatuor, et même un quintette vocal —, les 6 concerts proposés au Théâtre Olympia font en effet la part belle aux musiques des XVIIIe et XIXe siècles ainsi qu’aux œuvres de Tartini, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Chopin ou Fauré ; les amateurs de musique moderne pourront grappiller çà et là des pages de Szymanowski, Ravel ou Scriabine.

Interprètes singuliers

On ne saurait s’en plaindre, d’autant qu’à la perspective d’entendre des chefs-d’œuvre s’ajoute celle de les (re)découvrir sous les doigts ou les archets d’interprètes aussi singuliers que le pianiste Jonathan Fournel (20/04) ou la violoniste ukrainienne Diana Tishchenko (en duo avec Frank Braley, 21/04) —.

Le Quatuor Modigliani s’arroge, quant à lui, un gros morceau avec un programme aussi plantureux qu’appétissant associant le Quatuor op. 59 n°1 « Razumovsky » de Beethoven, le Quatuor n°1 « De ma vie » de Bedřich Smetana et une partition de jeunesse de Mozart (24/04).

Concert de clôture avec Arielle Beck

Cependant, le festival s’accorde aussi des échappées plus transversales ; on n’emploiera pas ici le vilain mot de crossover. Ainsi, du programme « Destination Paris » donné par Gautier Capuçon en duo avec le pianiste Jérôme Ducros (23/04) : la star actuelle du violoncelle français y mêle des transcriptions d’Édith Piaf, Michel Legrand, Vladimir Cosma ou Ennio Morricone à des tubes de Rameau, Brahms, Fauré, Saint-Saëns ou Prokofiev.

Ainsi également d’« Invocations », titre du concert proposé par Apollo 5, ensemble vocal qui perpétue de manière décomplexée le glorieux héritage du chant britannique : le quintette revisitera a cappella un répertoire s’étendant des œuvres chorales de la Renaissance et du classique au folk, au jazz et à la pop, du sacré au profane, de William Byrd à Elton John en passant par George & Ira Gershwin (25/04).

Toutefois, le point d’orgue de cette édition pourrait bien être le concert de clôture, qui accueillera une prodige de 15 ans, en la personne d’Arielle Beck. Encore étudiante au CNSM de Paris, dans la classe de Claire Désert, cette pianiste, mais aussi compositrice, qualifiée de « très extraordinaire »par le divine Martha Argerich n’en finit pas de faire parler depuis qu’elle a, au pied levé, remplacé Kathia Buniatishvili aux Folles Journées de Nantes en 2023. On est impatient d’entendre ce que donnent sous ses doigts l’Humoresque de Schumann, les Barcarolles de Chopin et de Fauré, mais aussi la redoutable Sonate n° 4 de Scriabine !

David Sanson

Informations pratiques

Festival de musique de chambre d’Arcachon,
du samedi 20 au vendredi 26 avril,
Théâtre Olympia, Arcachon (33).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *