Après une première édition réjouissante, la chanteuse bordelaise Julie Lagarrigue rassemble cette année avec drôles de piafs Boule, Dimoné, Doclaine, Jur et Tiou, distillés en concerts, masterclass et itinérance. Point commun : la belle chanson de contrebande.

Julie Lagarrigue est une militante. Avec ce que cela comporte d’abnégation, de conviction, de friction, d’obstination. La culture pour tous, surtout la chanson. Luxuriance d’ateliers, de projets, de concerts, d’albums.

Deux ans après La Mue du serpent blanc, la revoilà avec un double album, rien de moins. Rendu les armes est hors des standards du marketing, hors du calendrier imposé de ceux qui savent (pas) ce qui est bon pour l’artiste. 13 nouvelles chansons, à cru, à nu. Où sa voix barbaresque se fait aussi douce que saillante. Les 13 autres sont des reprises de Nicolas Jules, confrère en pas de côté, en poésie libre et bluesy.

Un festival crée en 2023

Elle présentera les deux bébés le 10 mars prochain, en clôture du festival Drôles de piafs qu’elle a créé en 2023 avec la complicité du tourneur Cyrille Cholbi. Plusieurs salles, plusieurs artistes, des concerts, mais aussi des rencontres, des masterclass et des premières parties pour la relève : les étudiants en licence musiques actuelles de l’Université Bordeaux Montaigne.

« Garantir à toutes et tous le droit de participer à la vie culturelle », lit-on dans sa profession de foi. « Mettre l’art et la culture au cœur de la transformation urbaine. Soutenir et accompagner un environnement propice à la création. »

La poésie lunaire de Boule

Nicolas Moro et…. Nicolas Jules étaient de la fête l’an dernier, aux côtés de Boule et Lagarrigue. Ces deux derniers sont une nouvelles fois à l’affiche d’un rendez-vous étoffé en ce début de mois. Boule aussi a la poésie lunaire de celui qui se demande ce qu’il fabrique dans ce monde bien trop adulte. Celle de Jur est circassienne, voix brûlante et postures rock entre Cohen et Portishead, entre Arno et Lhasa. Celle du Bordelais Doclaine est folk, intime et voyageuse. Celle de Tiou est écorchée et drôle et s’épanouit sur scène.

Celle qui vaut à elle toute seule le festival fait de Dimoné un artiste unique, au succès aussi modeste qu’énervant, tant le gars reste incroyable au fil des ans et de cinq albums et demi. Qu’il ondule son surréalisme guitare à la main et cuir sur la peau ou qu’il susurre de sa voix grave sept nouveaux titres portés par le piano de Jean-Claude Sirven, Dimoné est démoniaque, sorcier distillant l’addiction chez tous ceux qui l’écoutent, le découvrent sur les planches.

L’Inconnue, auto-proclamée judicieusement « scène curieuse de musique », sera le QG de Drôles de piafs, accueillant des rencontres (gratuites les 7, 8 et 9 mars à Talence) allant de la discussion avec des artistes, le tourneur CHOLBIZ, la directrice de la structure, à la visite d’un studio d’enregistrement. Pour les pros en herbe, pour le grand public aussi. Et le dimanche, place donc à la Julie après quatre jours d’une chanson sans Victoires mais victorieuse.

Yannick Delneste

Informations pratiques

Drôles de piafs,
du jeudi 7 au dimanche 10 mars


Dimoné,
jeudi 7 mars, 20h30,
L’Inconnue, Talence (33).

Tiou,
vendredi 8 mars, 20h,
Auditorium Saint-Genès, Bordeaux (33).

Jur,
vendredi 8 mars, 20h30,
L’Inconnue, Talence (33).

Boule,
vendredi 8 mars, 20h30,
Théâtre Le Jonchet, Cambes (33).

Dimoné,
vendredi 8 mars, 20h30,
Sore (40).

Boule + Doclaine,
samedi 9 mars, 20h30,
L’Inconnue, Talence (40).

Jur,
samedi 9 mars, 20h30,
La Boîte à Meuh, Belin-Béliet (40).

Julie Lagarrigue,
dimanche 10 mars, 17h,
Le Rocher de Palmer, Cenon (33).

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