Sous-titré « Textes musiques expériences », le festival Multipiste revient cet automne, entre Gironde et Dordogne, pour une foisonnante quatrième édition.
Porté par la maison d’édition Le bleu du ciel, qui depuis plus de 30 ans œuvre inlassablement aux croisements entre littérature et autres formes d’expression, Multipiste s’est mis en tête cette année de se « rapprocher de ce qui fait le sel du festival : la relation particulière entre écrivains et musiciens qui tentent quelque chose d’inédit pour eux, les collaborations précieuses créées avec [ses] partenaires du livre et de la musique, la main tendue au public curieux de découverte et de surprise textuelle et sonore ».
Fidèle à son credo d’un ancrage territorial tout sauf de façade, Multipiste 2023, c’est 4 médiathèques ; 3 bars-cafés ; 1 librairie ; 1 espace artistique ; 1 espace Jeunes ; et 1 échoppe libournaise pour un premier concert chez l’habitant !
Le verbe et le son sont sur un bateau et personne ne tombe à l’eau
La méthode, elle, ne change pas : le verbe et le son sont sur un bateau et personne ne tombe à l’eau. Quant au cœur battant de la manifestation, les créations, c’est bien là qu’il faut viser.
Mise en bouche à caractère domestique avec Laure Gauthier, à la faveur de sa performance La Cité dolente, fausse lecture mais vrai dialogue avec La Divine Comédie de Dante et un terrible constat : l’Enfer aujourd’hui, c’est bien de ne pas pouvoir nous retrancher ni respirer, ne pas parvenir à trouver le temps, même pas à l’orée de la mort.
Mélanie Loisel jette son dévolu sur Emily Dickinson
Chanteuse lyrique et poétesse sonore, a cappella ou s’accompagnant d’instruments et d’objets, Valérie Philippin incarne avec virtuosité un espace à vivre étrange et familier, en perpétuelle mutation. En deux rendez-vous — Donne-moi quelques mots et son adaptation sur mesure pour une visite de la médiathèque Aïga d’Izon — elle invite le public à pénétrer sa maison de mots, toutes portes ouvertes, traversée de présences insolites.
Enfin, grosse attente autour de Mélanie Loisel, en résidence à la médiathèque municipale Condorcet de Libourne, qui a jeté son dévolu sur Emily Dickinson, figure majeure et majuscule de la poésie nord-américaine. Native d’Amherst, état de Nouvelle-Angleterre, recluse en sa maison, Emily Dickinson contempla le monde de sa fenêtre, décédant à 56 ans après une vie dédiée à la poésie, hélas nullement reconnue de son vivant. Passion et spontanéité donnèrent une écriture concise, elliptique, « explosive et spasmodique », selon ses propres termes.
Alain Claverie
Informations pratiques
Multipiste,
du jeudi 5 au samedi 21 octobre,
Gironde (33) et Dordogne (24)