10 formations, 2 scènes, 2 jours, des DJ sets, la quatrième édition du Sidéral, festival du rendez-vous des musiques en marge relocalisée sur le campus de Pessac, a vraiment fière allure. Maxime Bur de l’association l’Astrodøme se livre.

Pour sa quatrième édition, le Sidéral festival migre à Pessac sur le campus universitaire. Vendredi 12 et samedi 13 mai, 10 formations se succèderont à la Mac 3. Ce rendez-vous des musiques en marge affiche un line-up international qui ravivera les oreilles des plus curieux.

Sidéral migre vers le campus bordelais. La grande ville ne veut-elle plus de chevelus heavy ou bien est-ce pour réconforter la population estudiantine bien peu choyée en termes de propositions artistiques de qualité ?

En effet, on a décidé de filer vers le campus et tester cette nouvelle salle, la Mac 3, car elle est belle, dispose d’un super matériel, et, sur le papier, c’est un fabuleux outil à disposition des promoteurs. On pensait signer un partenariat Crous plus poussé, finalement, non, pas d’aide de leur part, notre projet ne correspond pas aux étudiants — j’ignore ce qui leur correspond ; certainement des choses plus lisses, plus grand public, on m’a dit.

On doit être trop osé, trop bizarre… Alors, on se démerde, avec les moyens du bord. On revoit nos ambitions à la baisse mais ce sera toujours un grand et beau moment. On voulait aussi un lieu plus petit ; là, c’est 450 places en vente. On prône la découverte, on ne se bat pas pour choper des headliners. On préfère les petites découvertes « plus niche ». Surtout, on voulait pouvoir proposer une scène extérieure. Or, la Mac 3 est la seule salle à nous avoir suivis sur ce projet. Il y aura donc des concerts de groupes locaux et des DJ sets toute la soirée dans la zone extérieure, aménagée avec stands, restauration, bars, dj booth

Des formations venues du Royaume-Uni, des États-Unis, des Pays-Bas, d’Italie, de Suède et de France. Le Sidéral est-il devenu un instantané du genre à chaque nouvelle édition ?

Oui, on est désormais pas mal identifié, on nous envoie des messages toute l’année, qui viennent de partout, pour participer au Sidéral. On a pu fédérer un petit réseau, se lier avec des bookers qui nous suivent et avec qui il fait bon travailler.

Cela étant, on a ouvert nos esthétiques, on a envie d’être représentatif d’une scène alternative, de mixer les ambiances, d’être une aventure de musiques indépendantes — punk, rock, psyché, cold, etc. — aux influences multiples. Se cantonner à un seul genre et proposer un entre-soi n’est pas excitant face à tout ce qui sort dans la scène indépendante. C’est bien aussi pour le public de se confronter à des choses qu’il n’a pas l’habitude d’écouter. 

Peut-on présenter les locaux de l’étape, Titanic Bombe Gas, The Barking Spiders et Order 89 ? 

Titanic Bombe Gas vient d’Hossegor, ils ont déjà publié plusieurs EP ces dernières années et sortent cette année leur premier long format produit par Musique d’Apéritif et À Tant Rêver Du Roi. C’est du rock garage, un peu psychédélique, un peu stoner, un peu punk, qui secoue pas mal. C’est toujours la fête et inspiré, on adore.

The Barking Spiders sont assez neufs dans le paysage bordelais, je les ai rencontrés lors d’un concert à Pessac, au Royal, et je me suis dit : « Merde les gars viennent de sortir de terre et déjà ça sonne d’enfer ! » J’ai pris une super claque. Des musiciens hyper-talentueux, en place, de la pop alambiquée, progressive, inspirée année 1960 et très classe. Les gars bossent sur leur premier album et ils n’ont pas fini de nous surprendre clairement. Quant à Order 89, voilà une esthétique tout autre, on peut dire French cold wave, c’est froid, mais festif, ça chante en français dans un esprit plus fête des années 1980, un mix entre « le plastique, c’est fantastique » et no future.


À l’affiche, le duo parisien Minuit Machine, qui fête ses 10 ans de carrière, histoire de bien s’enjailler ?

On voulait finir avec une belle fête, proposer un truc plus électronique aussi dans la programmation, toujours dans l’idée de mixer un peu les publics. Et pour clôturer une soirée, ces deux filles savent y faire, dans une esthétique assez cold wave qui colle bien à d’autres propositions post-punk, krautrock et psyché de la soirée. Ça fait un beau mélange, c’est bien le principal. 

Minuit Machine. Crédit : Ben Pi

Sinon, c’est toujours aussi tendu de porter un tel événement ?

On ne va pas dire le contraire. Honnêtement, on y perd chaque année, on y travaille avec beaucoup d’heures de bénévolat, on manque de moyens… Mais on se rattrape sur d’autres temps forts de nos collectifs. Ce n’est jamais bon de trop compter sur les autres pour soi-même vivre.

Il faudrait arriver à stabiliser Sidéral seul, or on a du mal à trouver les bons signaux institutionnels, et on manque également de temps souvent car on mène ce projet à côté de nos boulots respectifs. Le développement, la prod d’événement, faut s’accrocher pour débloquer des financements. Pour le moment, c’est fragile. Bref. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais on s’accroche, et, à chaque fin d’édition, on se dit : « Allez, quand même on repose des dates pour l’année prochaine ? Allez, GO ! »

Propos recueillis par Marc A. Bertin

Informations pratiques

Sidéral Festival,
du vendredi 12 au samedi 13 mai, Mac 3, Pessac (33).