Depuis 2021, l’exception, « le plus petit des grands cabarets de France » rayonne à Saint-Médard-en-Jalles. Entretien avec le directeur et fondateur du lieu, Aurélien Alberge, ancien danseur soliste au ballet de Monte-Carlo et au Lido de Paris pour présenter le nouveau spectacle (MI)NUIT ou l’innocence du jour.

Quel est l’ADN du cabaret L’Exception ?

Un cabaret au sens large du terme. J’essaye de montrer tout ce qui peut se passer dans un show de cabaret, soit du comedy club, du burlesque, des soirées drag, du théâtre d’improvisation. J’ai essayé de prendre un maximum des arts qui constituent le genre et de les dissocier pour en faire des spectacles à part entière.

L’idée était d’avoir une acception plus grande que la vision « traditionnelle » du cabaret. Ma volonté est de rendre le spectacle accessible car beaucoup de personnes ne veulent pas franchir les portes des salles à cause du prix ou car le lieu peut paraître intimidant. Le fait que ça soit un cabaret-bar atténue peut-être cet effet. Certaines personnes viennent seulement pour boire un verre, même si la majorité vient pour le spectacle. Ils savent aussi qu’ensuite nous allons faire la fête tous ensemble.

Une des particularités de L’Exception tient aussi aux spectacles que vous créez. Comment définiriez-vous votre style ?

Je garde les codes du cabaret, les gens verront quand même des plumes par exemple, mais j’essaye de moderniser par la musique, par des créations artistiques. Avec ce nouveau spectacle, on est vraiment dans quelque chose de contemporain. D’ailleurs, je ne parle pas forcément de revue cabaret, mais d’un spectacle à part entière. J’essaye d’amener les gens dans mon univers, dans ce qui a fait ma carrière de danseur.

Pouvez-vous nous présenter ce nouveau spectacle, (MI)NUIT ou l’innocence du jour ?

C’est un spectacle qui évoque tout ce qui se passe dans notre tête pendant que l’on dort. Il y a un côté personnel dans la chorégraphie, dans la mise en scène, mais il y a de nombreux thèmes qui touchent tout le monde car nous le vivons quasiment tous une fois endormis. C’est un thème universel.

Dans le détail, il y a des tableaux sur les cauchemars, les pensées, les rêves érotiques, l’insomnie… nous convoquons d’autres imaginaires plus éloignés comme la réalité virtuelle. Au total, une quinzaine de tableaux dans lesquels il peut y avoir du chant, du cirque, de la danse ou même les trois. Le spectacle dure 1h40 avec un entracte.

L’écriture d’une telle œuvre est-elle compliquée ?

Forcément un peu car je vais dans un univers qui n’est pas forcément attendu dans le cabaret. Donc il faut quand même que je ne perturbe pas trop mon public même si de création en création, j’essaye de les amener vers un univers qui m’est propre. Chaque spectacle est entier, il ne faut pas avoir vu les autres pour comprendre le nouveau, c’est plus une évolution au niveau du style.

Pour ce thème en particulier, juste avant de me décider, j’étais parti sur un tout autre spectacle. Puis, en écoutant une chanson, Smalltown Boy de Bronski Beat, j’ai décidé de me recentrer sur cette thématique. C’est d’ailleurs devenu la musique d’ouverture ! Quand je crée un spectacle, je pars souvent d’une musique qui donne le thème. Je m’occupe ensuite de la chorégraphie, de la mise en scène, de dessiner des costumes et je collabore aussi sur les lumières avec un concepteur lumière avec qui j’ai travaillé quand j’étais danseur au ballet de Monte-Carlo.

Sur scène, c’est la même troupe à chaque fois ou se renouvelle-t-elle en fonction des spectacles ?

J’ai une danseuse qui est là depuis l’ouverture et j’en ai deux autres qui sont là depuis trois ans. En général, l’équipe ne change pas trop. Je pense que les artistes doivent se sentir bien chez moi. Aussi restent-ils et je suis ravi de pouvoir travailler avec eux ! Cela dit, chaque spectacle a ses spécificités, donc il faut faire quelques ajustements, sinon quand ça se passe bien, pourquoi changer ?

Et les spectateurs, sont-ils les mêmes de spectacle en spectacle ?

J’ai une clientèle fidèle. Plus ça va, plus l’établissement se fait connaître ce qui ramène un public différent aussi. Cela étant, mon établissement a une capacité restreinte (entre 70 et 80 places hors privatisation). Un jour, un client m’a dit que L’Exception était « le plus petit des grands cabarets », j’aime beaucoup cette formule, qui renforce le côté intimiste et partage avec les artistes.

Pour vous, quel est le futur du cabaret et en particulier quel est le futur du vôtre 

À L’Exception, il y a cette envie d’apporter quelque chose d’assez contemporain en utilisant les technologies d’aujourd’hui. Pour le nouveau spectacle, j’ai investi dans un écran LED de 10 mètres carrés en fond de scène. Au niveau chorégraphique, il y a vraiment une volonté d’aller vers du contemporain avec un gros investissement derrière et une exigence technique.

Propos recueillis par Charles Banegas

Informations pratiques

(MI)NUIT ou l’innocence du jour,
L’Exception, Saint-Médard-en-Jalles (33)