Entre Landes et Gironde, le collectif de photographes LesAssociés présente le fruit de deux ans et demi de travail sur les feux de forêt ayant embrasé l’été 2022.
On les avait quittés avec « D’ici, ça ne paraît pas si loin », exploration subjective du territoire néo-aquitain. Les revoici avec « 600° », somme toute aussi subjective, consacrée aux dramatiques incendies ayant ravagé 32 000 hectares du massif des Landes de Gascogne durant l’été 2022.
Eux, ce sont LesAssociés, faux collectif de photographes, mais vraie bande d’amoureux de l’image, artistes, artisans et plus encore. En leur sein, Alexandre Dupeyron, praticien des arts visuels, tétanisé par les méga-feux australiens de 2020, et habité au-delà du raisonnable par le phénomène. Toutefois, comment ne pas l’être quand on réalise qu’avec ces 13 800 hectares réduits en fumée, l’incendie de Landiras est le second plus important survenu en France depuis celui de la forêt des Landes en 1949 !
D’où le titre retenu, « 600° », température des sols enregistrée à Hostens un an après l’Armageddon. Refusant de « documenter » ce que tous les médias ont pu couvrir, les 7 photographes du collectif LesAssociés ont arpenté les lieux — La Teste-de-Buch et Landiras — une fois la catastrophe passée. En immersion entre septembre 2022 et décembre 2024, 7 résidences de 3 semaines, de village en village, à recueillir la parole, du cercle à la place du marché, du café à la pizzeria. Résultats : 80 heures de matière sonore, des images, évidemment, et de l’humain. Surtout. Néo-ruraux, sylviculteurs, chasseurs, résiniers, glaneurs… Des paroles pour dire le drame écologique et industriel.
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Une exposition en 4 formats
Ni à charge, ni avec parti pris, la démarche souligne à la fois l’absence de dialogue jusqu’à la tension entre tous ces usagers et ces usages, la difficile coexistence entre forêt mosaïque et forêt capitalistique tout en révélant, in fine, la résilience. De la nature et des hommes. Un travail sur le deuil, également, de la sidération au quotidien dans un paysage transformé à la lente régénération du vivant.
Ainsi « 600° » se déploie en 4 temps : une exposition au Pavillon de l’Écomusée de Marquèze dans les Landes ; une triple exposition de cabanes dans l’espace public (dune du Pilat, Landiras, aire d’autoroute de l’A63) ; un livre (agrémenté d’une carte blanche donnée à un collège de plumes venues d’horizons divers) ; et un film photographique. Cependant, ne nous voilons pas la face, quelles leçons en tirera-t-on ?
Marc A. Bertin
Informations pratiques
« 600° », LesAssociés,
Jusqu’au dimanche 28 septembre,
Pavillon des Landes de Gascogne, Écomusée de Marquèze, Sabres (40).