Figure aussi singulière qu’attachante, le blême Suédois Jay-Jay Johanson poursuit avec une belle opiniâtreté son chemin. Date unique dans la région à Cenon.

On a beau se pincer, mais Fetish, publié au printemps dernier, est bien le 14e album studio en 27 ans de carrière. Souvenir. Au mitan des années 1990, une silhouette malingre, une voix androgyne, un parfum de nostalgie, un pillage amoureux de Francis Lai, et beaucoup de trip hop. Whiskey marquait son époque et, plus durablement, le public français, aussitôt sous le charme de ce parfum languide. Nouvelle preuve, ce samedi 14 octobre au Rocher de Palmer.

Né Folke Andreas Jäje Johansson, le musicien, bercé au jazz du paternel, rompu à la clarinette et au saxophone, passé par le hard rock puis le punk, se réinvente en Chet Baker fin de siècle après l’épiphanie Dummy de Portishead.

Jay-Jay Johanson, un songwriter minutieux

À de rares exceptions, Antenna (2002), tentative bien trop précoce de réhabilitation des années 1980, peu de changements. Fidèle à ce qui fit immédiatement son succès, le songwriter polit minutieusement le bois dont il se (ré)chauffe : rythmiques suaves façon Thievery Corporation, chant langoureux, esthétique sous haute influence cinématographique (allant jusqu’à publier en 2021, et uniquement en MP3, Silver Screen, florilège de thèmes popularisés par le grand écran). Il serait loisible de parler de formule, mais qu’importe, Jay-Jay Johanson fait du downtempo sans dévier de ses obsessions.

Toutefois, au regard de son affection pour les tourments du cœur et du langage amoureux, on rêverait volontiers d’un album taillé sur mesure par une autorité en la matière, du genre Neil Hannon. Une association qui aurait sacrément de la gueule.

Marc A. Bertin

Informations pratiques

Jay-Jay Johanson,
samedi 14 octobre, 20h30,
Le Rocher de Palmer, Cenon (33).

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